Argentine: Les années d’horreur

Publié le 17/05/2013 par alexadmin

L’ancien général Jorge Videla est décédé, vendredi matin, de mort naturelle, annoncent les médias argentins. Incarcéré dans une prison près de Buenos Aires, il est mort dans un hôpital de la capitale où il avait été admis en urgence. Il avait 87 ans. (AFP)

En 1977, j’ai voyagé en Argentine, la peur au ventre, à la recherche infructueuse d’une de ses innombrables victimes. Piètre revanche, je me suis ensuite trouvé, en 1985, dans la salle d’audience où la Démocratie, à peine ressuscitée, l’a condamné à la prison à perpétuité…

La démocratie argentine, pourtant fragile, a osé. Le symbole de la dictature, celui qui représentait l’Argentine meurtrie devant les caméras du Mundial, en 1978, a été condamné à la peine maximum. La grande majorité des Argentins, ce matin, croit enfin à la justice. Et tant pis si les viennent- ensuite, comme Galtieri, ont été acquittés. La démocratie a osé mettre en prison, à jamais, ceux qui ont institué la torture, la liquidation physique, le séquestre, comme régie d’un jeu qui a fait des dizaines de milliers de victimes.

Raoul Alfonsin, le président, a gagné son pari et l’estime des Argentins. Mais la pièce n’est pas terminée. Parce que les condamnés peuvent encore faire appel. Parce que l’extrême-droite va profiter de la levée de l’état de siège pour poser à nouveau ses bombes. Et parce que les folles de mai, celles qui se battent depuis des années pour qu’on n’oublie pas les disparus, refusent l’amnistie pour les sous-fifres de la dictature, les exécutants de l’ignominie. C’est dire que, si la démocratie a provisoirement gagné, la justice a encore beaucoup à faire. Les manifestations publiques, prévues pour demain et jeudi, seront là pour le lui rappeler.

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