b. Orange, Arles, Vaison, Glanum: une Provence romaine

 

Pendant cinq siècles, la Provence a fait partie intégrante de l’Empire romain. Ce fut une période de prospérité économique, de développement artistique et d’épanouissement intellectuel. Arles, Orange, Aix, Glanum (St-Rémy), Vaison, Cavaillon, Carpentras ont alors été construites à l’image des villes romaines, enceinte quadran­gulaire protégeant des rues à angles droits, forum, thermes, temple, arènes, théâtre, arcs de triomphe et nécropole.

Les arènes d’Arles, où continuent de se dérouler fêtes et jeux populaires, datent des débuts de la colonie romaine, fondée en 46 Av.-J.-C. Le spec­tacle, alors, consistait en combats d’animaux et de gladiateurs. Les animaux étaient des taureaux (déjà!), des ours, des sangliers, des chiens. Les gla­diateurs, esclaves ou captifs, espéraient retrouver leur liberté grâce à un combat victorieux. Après la chute de l’Empire, les arènes d’Arles ont été forti­fiées, les arches obstruées, pour faire face à d’é­ventuels attaquants. Puis on y a construit des maisons et les arènes ont été habitées jusqu’à des temps récents. Elles sont aujourd’hui rendues à leur usage premier. Certes, les combats ont changé et, dans les courses camarguaises, même le taureau ne risque plus la mort. Mais l’ambiance des jours de fête restitue sans doute assez fidèle­ment celle du temps des Romains.

A proximité des arènes, le théâtre antique consti­tue, lui aussi, un monument particulièrement inté­ressant. Mais les déprédations du temps et des hommes lui ont fait subir un préjudice irréparable. Sur le théâtre enseveli ont été construites, comme dans les arènes, des maisons. Seule dépassait alors la tour de Roland. Les premières fouilles ont été entreprises au XVIIème siècle et ont permis de mettre à jour une extraordinaire statue de Vénus, ainsi que deux colonnes du mur de scène qui défient aujourd’hui le ciel et les éléments.

Le théâtre antique d’Orange est, lui, beaucoup mieux conservé. On le considère même comme le plus beau, non seulement de Provence, mais aussi de l’ensemble de l’Empire romain. Il mesure 102 mètres de diamètre et pouvait contenir plus de 7000 spectateurs. Un mur magnifique, situé derrière la scène, constitue la pièce maîtresse de cet éblouissant théâtre, où sont désormais donnés concerts et récitals.

Au nord de la ville, l’arc de triomphe, érigé après la victoire de César, garde la «via Agrippa» menant à Lyon. La décoration de cet arc haut de 22 m. évoque les guerres de César, la victoire sur les marins marseillais, la vie des légionnaires. Une sérieuse restauration a été nécessaire pour lui rendre l’aspect de ses débuts mais la proximité de la circulation contemporaine, bruits et gaz d’échappement, gâche la sérénité du visiteur.

L’amateur d’antiquités romaines fera utilement le détour de Vaison. Là, excepté un théâtre, plus petit que ceux d’Arles et Orange, et un portique dédié à Pompée, c’est d’abord la vie privée, fami­liale, qui a été mise à jour. Riche demeure d’une grande famille, discrète à l’extérieur, luxueuse à l’intérieur avec ses mosaïques, ses bains privés, sa statuaire et, au-dessus de la loge du concierge, la mention «attention chien méchant», déjà…

Ruelles commerçantes, maisons plus modestes, complètent le tableau de la vie d’alors. Mais une partie seulement de la Vaison romaine a été exhu­mée à ce jour. La présence de constructions modernes empêche, pour l’heure, la poursuite des indispensables recherches.

Une visite des Antiques de St-Rémy-de-Provence permet d’admirer les ruines de Glanum et, sur­tout, un très beau mausolée à coupole, parfaite­ment conservé, et sans doute destiné à honorer la mémoire de Caïus et Lucius César, petits-fils de l’empereur Auguste.

La mort tenait une place importante dans la cité romaine. Le corps du défunt, d’abord exposé sur un présentoir décoré, était ensuite enterré ou brûlé. Près du sarcophage de pierre enserrant la dépouille, ou dans un mausolée où était déposée Fume contenant les cendres, les proches appor­taient vêtements, armes, ustensiles divers, pièces de monnaie, produits comestibles (parmi lesquels des fèves grillées, que le défunt était censé appré­cier tout particulièrement).

Depuis l’époque romaine et jusqu’au moyen-âge, le cimetière des Alyscamps, à quelques kilomètres d’Arles, semble avoir été l’un des plus grands de l’Empire. Mais les sarcophages offerts ensuite aux

visiteurs de haut rang, les pierres enlevées par les moines pour construire leurs églises, les vols com­mis par les amateurs d’antiquités, les empiète­ments réalisés pour faire passer la voie ferrée (!), ont considérablement dégradé ce lieu unique. Les tombeaux restants ont été alignés le long d’une allée. Les jours de grisaille, on s’y sent pris d’un étrange désarroi mais, les jours de soleil, on pour­rait se croire sous les platanes d’une place de village, les tombeaux ressemblant à des bancs de pierre. C’est d’ailleurs l’image que Van Gogh, pourtant tourmenté par la mort, en a laissée.

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