Josef Heeb à Carouge

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A l’époque, Carouge était encore un village sarde. C’est dire. Les antiquaires ne s’étaient pas encore mis en tête de bousculer les artisans et la bonne société genevoise ne passait toujours le pont que pour s’encanailler. Rue Saint-Joseph, on jouait à la boule-en-bois et à la carte-à-fleurs. Le soir, les tavernes s’apprêtaient à accueillir Mandrin et il n’était nul besoin de vingt ronds dans la fente pour que jaillisse la musique.

Un visage, déjà, régnait dans le triangle formé par le Café des Négociants, celui du Poids-Public et celui des Sports. Une gueule plutôt. Mélange de Vulcain et de Dieu le Père, avec dans le regard une étrange volonté, une incommensurable lassitude et l’étincelle des jours heureux. Le front dégarni, luisant, ambré, était nimbé de deux mouchets gris à faire hurler de jalousie un quelconque professeur Tournesol et la longue barbe, plus sel déjà que poivre, vous sautait aux yeux comme une image d’Épinal pour catéchisme édifiant. Josef Heeb !

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