Les otages de Bogota

M 19

Le M19 (Movimiento 19 de Abril) a fait partie des guerillas colombiennes de 1974 à 1990.  Pour ses combats, il privilégiait les villes plutôt que la jungle. En février 1980, il s’attaque à l’ambassade de la République dominicaine à l’occasion d’une réception à laquelle assistent de nombreux diplomates suisse, parmi lesquels l’ambassadeur de Suisse. Ils resteront séquestrés pendant deux mois avant d’être libérés, en échange du départ des preneurs d’otages pour Cuba.

Alors que je bourlinguais entre Mexique et Brésil, la Radio suisse romande m’a demandé de me détourner de mon chemin pour aller couvrir les événements de Bogota. C’est donc le hasard qui m’a amené pour la première fois dans ce pays où je suis souvent revenu depuis lors. Le hasard qui m’a fait y retrouver, à deux pas de l’ambassade assiégée, un vieil ami journaliste, Chris Pala, bourlingueur impénitent comme moi, naguère rencontré chez Jacques et Isabelle Vichniac, et envoyé à Bogota par l’agence UPI.

Colombie 1980

Mercredi 12 mars

C’est vraiment la douche écossaise, ici, à Bogotá. Durant le week-end, les otages étaient particulièrement pessimistes. Les deux observateurs aussi. Lundi, c’était l’attente. La quatrième négociation allait-elle avoir lieu ou non ? Elle eut lieu, les guérilleros n’y mirent pas fin après quelques minutes, preuve que les négociateurs du gouvernement colombien étaient venus avec de nouvelles propositions. Du coup, lundi soir et hier matin, par le canal des différents otages autorisés à appeler leurs ambassades, on apprenait que les guérilleros du M19 étaient plutôt satisfaits et confiants.

Hier après-midi, les diplomates de tous les pays touchés par la prise d’otages étaient reçus par le ministre des affaires étrangères. La situation leur paraissait se débloquer, ils allaient demander au gouvernement d’accélérer le processus menant à la libération des otages. Mais, à leur sortie du ministère des affaires étrangères, ces mêmes diplomates étaient plutôt dépités. La prochaine négociation n’aura lieu que jeudi matin, c’est-à-dire jeudi après-midi en Suisse, et le gouvernement reste inflexible sur la libération des 311 prisonniers réclamés par le M19.

La réunion de jeudi risque donc d’être celle de la dernière chance. Soit que le gouvernement modifie sa position d’ici là et envisage la libération des prisonniers, soit que les guérilleros se satisfassent de deux semaines de publicité mondiale et acceptent de partir sans les prisonniers. Mais c’est peu probable. Si ni l’un ni l’autre ne cède, de nouvelles négociations ne se justifieront plus. On ira, soit vers une escalade rapide de la violence, soit vers l’occupation indéfinie de l’ambassade.

Jeudi 13 mars

Hier après-midi, un journal de Bogotá annonçait en première page la prise de l’ambassade dominicaine par l’armée colombienne, avec le soutien d’experts israéliens et grâce à l’usage intensif de gaz lacrymogènes. Un journal peu sérieux, disons-le. Rien de tel dans la réalité. Tout a été calme durant la journée. Le seul événement a été la visite du docteur Botero, venus soigner, ce n’est pas la première fois, le genou du consul du Pérou.

C’est aujourd’hui que tout pourrait, tout devrait se jouer. A neuf heures doit avoir lieu la cinquième négociation entre guérilleros et gouvernement. Des rumeurs affirment que le M19 se satisferait de la libération de 30 prisonniers et d’une rançon de 10 millions de dollars.
J’ai personnellement des doutes sur ce point. En effet, le Comandante Uno a toujours déclaré que la liste de 311 prisonniers n’étaie pas négociable. De plus, elle nominative. Non faire libérer que 30, c’est en laisser 281 dans les prisons colombiennes. 281 dont les noms sont donc, désormais, connu et qui risquerait de passer un mauvais quart d’heure après le départ du M19 vers l’étranger. On imagine mal le Commandante Uno abandonnant ces 281 là. Cette information pourrait aussi relever de l’intoxication en provenance de milieux proches du gouvernement. De toute manière, on a l’impression que cette cinquième négociation pourrait être celle de la dernière chance.

Mardi soir, le ministre des affaires étrangères, Uribe Vargas, recevait les diplomates des pays concernés par la prise d’otages. À la fin de cette réunion plutôt tendue, il a tout de même admis un principe qui laisse quelque espoir aux otages : le droit international, a-t-il dit, doit primer sur le droit national. Ce qui signifie, si on le comprend bien, que les accords de Vienne protégeant de manière absolue des ambassades et les diplomates, priment sur la constitution colombienne, qui interdit au président de relâcher des prisonniers, qu’ils soient politiques ou de droit commun. M. Vargas pensait-il vraiment ce qu’il disait ? Était-il couvert en haut lieu ? On le saura lorsque débutera la cinquième négociation. Si elle n’aboutit pas, le M19 ne devraient guère tarder à passer à l’action. Certaines informations disent qu’une partie de la nourriture apportée à l’ambassade ces jours derniers a été stockée. On pourrait imaginer que les premières représailles consistent à affamer les otages. Encore serait-ce un moindre mal. Ce qu’il faut redouter, en cas de rupture, c’est que les otages soient abattus un à un.

J’ai pu obtenir des nouvelles de l’ambassadeur de Suisse, Jean Bourgeois. Il se porte bien, pour autant qu’on puisse bien se porter après 15 jours de détention, de tensions, de peur et d’incertitudes. Comme d’ailleurs tous les otages, il vit à la dure, se lève avec le jour et se couche avec la nuit, du moins lorsqu’il n’est pas appelé à monter la garde, avec de guérilleros du M19, sur le toit de l’ambassade dominicaine. Il doit se sentir un peu seul.

Depuis le départ de l’ambassadeur d’Autriche, il est en effet le seul européen, si on excepte le nonce apostolique. Heureusement, M. Bourgeois n’est pas malade et on peut dire qu’à 55 ans, il tient bien le coup. Mais il a froid. En effet, lors de la prise de l’ambassade par les guérilleros, on a beaucoup tiré et peu de vitres ont résisté. L’ambassade s’est donc transformée en maison des courants d’air et même sous ces latitudes tropicales, les nuits sont fraîches. N’oublions pas que Bogotá se trouve à quelque 2700 m d’altitude.

Dans ce lieu froid et hostile, Jean Bourgeois a pu se débarrasser de la tenue de réception, parfaitement inadaptée, qu’il portait lors de l’attaque des guérilleros. Sa femme a en effet pu lui faire passer, par l’intermédiaire de la Croix-Rouge, des pull-overs de laine et un peu de linge propre. De son côté, la Croix-Rouge a elle-même fait distribuer des manteaux.

À l’ambassade, il n’y à pas, bien sûr, assez de lits pour tout le monde. On dort donc sur le parquet, éventuellement dans un fauteuil, emmitouflés dans son manteau. M. Bourgeois comme les autres. Il faut surtout tenir, ne pas tomber malade. Car, on le voit avec le cas du consul du Pérou, blessé au genou, le M19 ne libérera plus personne avant que les négociations aient abouti. Dont, pour se tenir en forme, M. Bourgeois a demandé qu’on lui fasse passer de la vitamine C. Et aussi un peu de pâte d’amandes, du massepain si vous préférez. Sa seule gâterie.

Pour ce qui est de la toilette, il semble que, mis à part le tournus nécessaire pour que chacun puisse se servir de la salle de bains, tout se passe bien. Mais il semble aussi que les rasoirs, qui se trouvait dans le matériel remis aux guérilleros, ne soient pas parvenus jusqu’aux otages. Tant l’ambassadeur du Mexique, qui fait office de greffier lors des négociations, que les deux autres otages qui ont pu être photographiés clandestinement aux fenêtres, arborent une barbe de plusieurs jours. Peut-être les guérilleros craignaient-ils que les rasoirs puissent faciliter quelque geste désespéré.

Autre détail qui doit peser sur le moral, il n’y a jamais de lumière artificielle dans l’ambassade. Non que l’électricité était découpée mais parce qu’en allumant, les guérilleros se transformeraient en cibles faciles. Donc, quand tombe la nuit, l’ambassade sombre dans l’obscurité, jusqu’au lendemain.

Vendredi 14 mars

Cette fois, c’est la rupture. Et, du même coup, l’inquiétude. Hier, la cinquième négociation entre guérilleros et gouvernements s’est terminée abruptement. Elle était considérée comme celle de la dernière chance mais il est encore bien difficile de savoir si, en 92 minutes d’entretien, l’un de l’autre des protagonistes a laissé passer sa chance. La réunion avait débuté avec 20 minutes de retard à cause d’une crise nerveuse, doublée d’un début d’infarctus, qui a affecté l’un des otages, l’ambassadeur du Venezuela, nécessitant l’intervention d’un cardiologue.

La négociation n’a pas été rompue après quelques instants. C’était bon signe. Mais, à l’issue de l’entretien et pour la première fois, la guérillera encapuchonnée qui négocie au nom du M19 est sortie de la camionnette jaune, devant l’ambassade dominicaine, et s’est adressée à nous autres journalistes, qui étions parqués à une cinquantaine de mètres de la. Le gouvernement refuse de donner suite à nos demandes, a-t-elle crié, la main levée formant le V de la victoire. Il n’y a donc pas de raison de poursuivre ces négociations. Nous exigeons toujours la libération de tous nos camarades en cours de jugement. La consigne du M19 est « vaincre mourir ».

Hier soir, un communiqué plutôt vague du gouvernement confirmait la rupture. Le président colombien, qui avait déjà consulté des juristes, devait à nouveau les recevoir dans la soirée pour chercher une voie légale permettant de libérer, non seulement les prisonniers déjà condamnés mais aussi ceux qui sont en cours de jugement. Il a même demandé aux magistrats de la cour martiale d’accélérer ces jugements. Mais la réponse des juges, qui sont aussi des militaires a été : non !

C’est donc à l’impasse. Mais une impasse anxieuse, tendu car chacun ignore ici ce que le M19 fera pour obliger finalement le gouvernement colombien à négocier. Face à cette situation, le groupe de coordination des pays concernés par la prise d’otages se réunit, ce matin, à Bogotá. Mais quelle peut être son influence, puisque le gouvernement colombien a clairement déclaré qu’il ne céderait à aucune pression ?

Samedi 15 mars

Depuis que la négociation a été rompue, jeudi matin, entre guérilleros et gouvernement, c’est ici, à Bogotá, la foire aux rumeurs, aux fausses nouvelles et aux ballons d’essai. Est-ce le fait de journalistes irresponsables ou ces pseudo informations émanent-elles, soit des guérilleros, soit du gouvernement, pour alimenter la guerre des nerfs ? C’est difficile à dire.
On continue de parler d’attaque de l’ambassade, trois salles d’hôpital seraient même prêtes. Démenti immédiat. On dit que les appels téléphoniques des otages à leurs proches ont été suspendus. Ce n’est pas certain. On dit surtout que les pays concernés auront à négocier directement la rançon de leurs diplomates. Et là, le démenti finit par venir, mais tardivement, par le canal de l’ambassadeur colombien à Madrid. C’est vrai qu’aucune ambassade, pas plus la Suisse que les autres, n’a été prévenue de cette éventuelle décision gouvernementale de laisser les pays concernés négocier directement. Il faut donc considérer qu’il s’agit d’une rumeur dénuée de fondement.

Pourtant, bizarrement, une proposition presque semblable avait été faite, à mots couverts, au début de la semaine, par le ministre des affaires étrangères colombien lui-même, lorsqu’il avait reçu une délégation de tous les pays concernés par la prise d’otages. Ces pays s’étaient aussitôt récriés. Les États-Unis et l’Égypte ont même déclaré qu’il n’était pas question de payer un sou aux guérilleros.

Le gouvernement a beau jeu de crier aujourd’hui à la fausse nouvelle. Il n’est pas totalement étranger aux rumeurs. Pendant ce temps, les otages, parmi lesquels Jean Bourgeois, en sont à leur dix-huitième jour de captivité et rien n’indique une prochaine reprise des négociations. Chacun campe sur ses positions. Peut-être le seul moyen, pour les guérilleros, de relancer la négociation serait-il d’abattre un premier otage. Une telle rumeur a, elle aussi, couru à Bogotá hier. Mais ce serait jouer avec le feu. Les militaires n’attendent que ça pour attaquer l’ambassade. Ce serait une tuerie  mais, pour les plus durs parmi les officiers, l’affaire serait ainsi, enfin, réglée.

Dimanche 16 mars

Jean Bourgeois n’a jamais vu le visage de ses geôliers, une vingtaine de jeunes gens, dont quatre femmes, qui portent cagoule, passe-montagne et foulard pour que, même au téléobjectif, la police colombienne ne puisse les identifier. Mais il a vu leurs armes. Fusils US M1, Kalachnikov et trois grenades défensives par personne.

Notre ambassadeur sortira-t-il vivant de cette poudrière ? Si oui, quand et dans quel état physique et nerveux ? Les négociations sont toujours rompues depuis jeudi matin. La négociatrice encapuchonnée nous avait crié, à nous journalistes parqués à 50 mètres de là : « Notre consigne est de vaincre ou mourir ». Vaincre, c’est obtenir la libération de 311 prisonniers politiques. Mourir, c’est aussi faire mourir les otages.

De son côté, le gouvernement colombien ne veut pas entendre parler de libérations de prisonniers politiques. Et l’armée a, par avance, déclaré qu’un tel geste serait anticonstitutionnel. Le président Turbay, chef d’une démocratie plutôt musclée, n’a qu’à bien se tenir s’il veut rester en place.

Les appels téléphoniques directs des otages à leurs proches ont été suspendus. Pas par les guérilleros, comme le dit la presse, mais pas le gouvernement. Les épouses des ambassadeurs doivent maintenant se rendre au ministère des affaires étrangères pour pouvoir appeler leurs maris. Mme Bourgeois a pu joindre son mari ce dimanche matin. Il se porte bien. Dans l’ambassade ebalayé de courants d’air, il a reçu le poncho que sa femme lui a fait passer par la Croix-Rouge. Il a reçu aussi les jeux de cartes, de la vitamine C et de la pâte d’amandes. Mais il n’a pas reçu les journaux. Interceptés. Pour la première fois, il a pu parler en anglais avec sa femme. Jusque-là, les guérilleros l’obligeaient à converser en espagnol. M. Bourgeois dit, pour s’en convaincre, qu’il sortira bientôt. Cet espoir, encore vague et menacé, pourrait bien passer par Cuba.

Lundi 17 mars

Ce serait pour mercredi. Pas l’assaut de l’ambassade par l’armée, ni l’exécution du premier otage par le M19. Non, mercredi, le départ pour Cuba des guérilleros, des otages et, éventuellement, de quelques prisonniers politiques de deuxième zone.
Ce ne sont que des rumeurs, mais des rumeurs que semblent confirmer quelques points.
D’abord, M. Bourgeois, notre ambassadeur, que sa femme a pu joindre au téléphone via le ministère colombien des affaires étrangères est paraît-il en bonne forme et de bonne humeur. « J’espère être libéré très bientôt, a-t-il dit en anglais à sa femme. »

L’atmosphère est particulièrement bonhomme, cette nuit, aux abords de cette même ambassade. Assez peu de soldats, des journalistes jouent au football à la lumière des lampadaires. Rien qui laisse prévoir l’affrontement. Conslquence de la visite de l’ambassadeur cubain au président Turbay, la semaine dernière? Elle avait d’abord fait sourire et semble aujourd’hui plus crédible. Un communiqué commun devrait être publié, dans la journée, à Bogotá et à la Havane.

Que peut bien proposer Cuba ? Peut-être, simplement, l’asile politique aux guérilleros s’ils obtiennent gain de cause et réussissent à partir avec leurs otages et les prisonniers politiques qu’ils réclament. Le M19, qui se déclare socialiste, nationaliste mais pas marxiste, doit tout de même avoir quelque admiration pour Castro ou l’illustre guérillero que fut Che Guevara. Une médiation cubaine aurait donc quelque chance de succès.

Qu’est-ce qui pousserait Bogotá, où le communisme n’est pas particulièrement en odeur de sainteté, à acceper la proposition cubaine? On l’ignore. Qu’est-ce qui a poussé Cuba à proposer ses bons offices ? Il y a diverses interprétations. Cuba voudrait rehausser son image de marque internationale, montrer qu’il n’est pas le boute-feu de l’Amérique latine mais plutôt le pompier des incendies qui couvent. Peut-être.

On dit aussi que Castro pourait avoir des hommes à lui dans le commando du M19. La proposition cubaine serait une manière de leur faire savoir que le gouvernement colombien est trop fort, qu’il faut lâcher pied. Elle permettrait aussi, en organisant le départ de guérilleros pas encore identifiés, de faire disparaître les preuves d’une éventuelle participation cubaine à la prise de l’ambassade. Si la proposition cubaine aboutissait, ce serait un soulagement pour Turbay, une échappatoire pour le M19, une chance pour tous les otages et un beau coup d’éclat La Havane.

Mardi 18 mars

Il était minuit et 41 minutes lorsque l’ambassadeur d’Uruguay, Fernando Gomez Fyns, s’est jeté par la fenêtre du deuxième étage de l’ambassade dominicaine. Dans sa chute, il s’est cassé un bras mais il s’en est surtout fallu de peu qu’il soit abattu, non par des guérilleros mais par un soldat qui montait la garde à proximité de l’ambassade. M. Gomez,  la cinquantaine passée, a dû son salut à la voiture d’un des otages, toujours stationnée devant l’ambassade, derrière laquelle il s’est abrité en criant : « Ne me tuez pas, je suis l’ambassadeur d’Uruguay ».

Quelques secondes plus tard, des policiers des services secrets le tiraient de là et, aussitôt une voiture l’emmenait vers une destination inconnue, sans doute l’hôpital militaire. Pour des soins aux bras mais aussi pour sa propre sécurité. Il est vraisemblable que ses premières révélations n’iront ni à sa famille, ni à la presse mais aux services de renseignements colombiens qui n’avaient plus reçu d’informations sur la vie à l’intérieur de l’ambassade depuis la libération de 13 personnes, le 29 février, puis celle de l’ambassadeur d’Autriche, le 6 mars.

Il semble que le guérillero chargé de la surveillance de la pièce dans laquelle se trouvait l’ambassadeur Gomez se soit assoupli. C’est possible et même vraisemblable. Mais il est bien certain que la chute de M. Gomez, puis ses cris, ont ensuite été remarqués par d’autres guérilleros Pourquoi ne l’ont-ils pas alors abattu ? C’est sans doute le signe, déjà pressenti depuis quelques jours, qu’ils n’attenteront pas à la vie de leurs otages, même en cas de fuite, pour autant que le gouvernement donne suite à tout ou partie de leurs revendications.

Au 19e jour de cette affaire, on a l’impression que la balle a changé de camp. Les guérilleros n’ont pas osé ou pas voulu lancer d’ultimatum au gouvernement, avec la vie des otages pour enjeu. La nuit dernière encore, ils n’ont pas tiré sur l’ambassadeur d’Uruguay, qui s’enfuyait. C’est tout à leur honneur mais c’est une preuve de faiblesse dont profite le gouvernement. Désormais, plus question de libérer des prisonniers que réclame le M19, plus question de remettre une rançon. La requête d’un manifeste sur les droits de l’homme est oubliée et le gouvernement colombien n’envisage même plus de mettre à la disposition du M19, s’il veut partir pour l’étranger avec les otages, un avion colombien. Il faudra que les Cubains eux-mêmes viennent les chercher, avec un de leurs avions. Sinon, on attendra jusqu’à ce que les guérilleros hissent le drapeau blanc sur l’ambassade.

On a l’impression que le pouvoir va gagner ce combat à l’usure. On a peut-être tort. S’ils sont acculés à l’échec, ils sont encore capables de tout. Et la vie des otages n’est pas encore à l’abri d’un geste de défi, d’inconscience ou de désespoir. De toute manière, leur libération n’est sans doute pas encore pour demain.

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