15 Conjuration

 

Roumanie 1 1401Roumanie 1 1358

En 1983, une tentative d’assassinat contre Ceausescu a failli réussir. Ni l’opinion internationale, ni le peuple roumain, ni sans doute Ceausescu n’en ont jamais rien su.

Vingt-et-un ans après la tentative d’assassinat du Général de Gaulle au Petit-Clamart, vingt ans après l’assassinat réussi de Kennedy à Dallas, c’est dans le petit village de Gostinu, au sud de la Roumanie, que Ceausescu aurait dû tomber sous les balles de trois jeunes conjurés, recrutés et soutenus par quatre intellectuels plus âgés. Tous sont unis par la haine du communisme et plus encore par leur symbole vivant, Nicolae Ceausescu.

Curieux personnage que le professeur Volcinschi. Il vit aujourd’hui à Cluj mais c’est à Bucarest, dans une maison amie, qu’il nous donne rendez-vous. Le quartier de la Gare du Nord est assez particulier. Des gamins continuent à y sniffer de la colle mais la gare est propre et, aux alentours, subsistent parmi les entrepôts en tous genres quelques ruelles charmantes. C’est le cas de la rue Iacob Negruzzi, que nous trouvons facilement. Il pleuvine, le temps est glacé. Derrière une grille, un jardin qui a dû être beau mais qui ressemble à une forêt vierge en automne. Un barbu quadragénaire, occupé à inspecter le moteur de sa Dacia, nous fait pénétrer sous la tonnelle. Sur les marches s’avance, visage légèrement parcheminé, imperméable beige et chapeau gris, un vieil homme impeccablement mis, droit comme une baguette de noisetier, nous accueille avec la discrétion héritée des années sombres. Il professe volontiers un certain dédain pour ses collègues intellectuels.

– Depuis lors, certains m’ont dit d’un air méprisant: Vous avez monté votre organisation avec des chauffeurs… Avec qui vouliez-vous que je la monte ? Avec des professeurs d’université ? Non, il me fallait des hommes d’action, qui n’aient pas peur du danger.

D’autres intellectuels, tous originaires de Cluj, font pourtant partie de la conjuration : Tudor Bugnariu, ancien maire de la ville entre 1944 et 1948 , ancien doyen de la faculté de philosophie ; Simion Pop, ex-doyen de la faculté de droit;  Mircea Stoica, professeur de droit. Ce dernier ne tardera d’ailleurs pas à se tuer en tombant d’une fenêtre. Suicide, conclura la justice. Seul Dieu sait, ou peut-être la Securitate…

Les quatre hommes partagent confiance et amitié mais aucun d’entre eux ne serait capable de prendre les armes pour abattre le tyran, même si Voicinschi se sent homme d’action depuis le jour où, en prison, il a rossé six agents de la Securitate…

Enigmatique professeur. Originaire de Cernauti, une ville qui appartient désormais à l’Ukraine depuis qu’en 1939, suite au pacte Molotov-Ribbentropp, la Roumanie a perdu la Bucovine du Nord.

– Nous avons perdu tout ce que nous avions, la maison et le reste. Nous nous sommes réfugiés en Roumanie, à Cluj, puis j’ai fait mes études en économie politique à Bucarest. A la fin de la guerre, quand la montée des communistes devenait inéluctable, j’ai été attiré par le Parti des Paysans, le parti de Maniu. Personnalité fascinante. Il parlait peu, toujours avec clarté et précision. J’ai parlé avec lui une seule fois. Il disait : « Ma génération doit mourir »[1]. Il avait dans les 75 ans. « Nous, nous allons mourir mais vous, vous êtes jeunes. Vous devez vous engager. Mais attention, il vous faut partir, quitter la ville où vous êtes connu, et chercher à survivre malgré le nouveau pouvoir ».

Je n’ai pas suivi son conseil. A Bucarest, l’ambassade de France et surtout la mission américaine poussaient les jeunes roumains comme moi à manifester contre les communistes. J’ai manifesté avec d’autres. Certains sont morts. En 1956, juste après l’intervention soviétique en Hongrie, j’ai été arrêté à Cluj et j’ai été condamné à 25 ans de prison. Près de moi, les prisonniers mouraient comme des mouches. Faim. Torture. Je n’ai plus d’ongles aux pieds. Quand je suis sorti en 1964 après l’amnistie générale, on ne m’a pas donné de travail. Comme je parlais plusieurs langues slaves, je me suis mis à faire des traductions pour plusieurs ambassades. J’étais en permanence surveillé. On a voulu faire de moi un informateur. Récemment, j’ai pu consulter mon dossier de la Securitate: Jusqu’à mon arrestation, 21 volumes et 20.000 pages ; au total, 103 volumes et 100.000 pages ! Toute une bibliothèque pour un seul homme, suivi à la trace comme du gibier.

Volcinschi raconte son histoire comme si elle ne lui appartenait plus, comme si elle appartenait à l’Histoire, sans émotion apparente, avec une détermination froide et détachée.

– Dans ces conditions, je ne pouvais que lutter. J’avais été éloigné de Bucarest et de Cluj, relégué à Craiova. Je me suis d’abord limité à une forme d’opposition intellectuelle en compagne de quelques amis mais je me suis rapidement transformé en terroriste potentiel. J’assume le terme. Je voulais tuer ce monstre.

Dans le groupe des quatre, c’est à Raul Voicinschi qu’échoit la difficile mission de recruter des hommes capables de tendre une embuscade à Ceausescu, l’homme le plus méfiant et le mieux protégé du pays…

– Un jour, je lisais Scinteia, le journal du parti, dans le parc public de la ville. Une blague circulait alors, selon laquelle les Roumains achetaient Scintea uniquement pour la première page. C’est là qu’ils espéraient un jour apprendre l’événement qu’ils attendaient tous : la mort de Ceausescu.

J’étais avec mon journal sur un banc. Un jeune homme s’assied près de moi et me demande s’il peut me l’emprunter un instant. Nous avons engagé la discussion et j’ai tout de suite observé qu’il était instinctivement, viscéralement anti-communiste. Il travaillait comme chauffeur à Craiova mais il venait de la région du Danube, là où, de l’autre côté du fleuve, vivaient des Bulgares qu’il regrettait de ne pouvoir connaître,  la frontière infranchissable empêchant tout contact. Il se plaignait aussi de ses conditions de vie.

– Avec ce que je gagne, j’ai le choix entre voler et mourir de faim.

  Il s’appelait Viorel Rovenţu et me parla de deux copains qui pensaient comme lui. J’ai proposé que nous nous revoyions.

Raul Volcinschi est là, devant nous. Il a conservé son imperméable gris muraille et c’est à peine s’il s’est départi de son chapeau, qui lui donne des airs d’agent de renseignement. Au fil de la discussion, nous allons comprendre à demi-mot que le lieu du rendez-vous, cette maisonnette enfouie sous la verdure,  n’a pas été fixé au hasard. C’est en effet dans la cave que devaient être cachées les armes destinées à l’attentat. Tout avait été prévu. Encore fallait-il qu’une taupe ne se cache pas parmi les conjurés.

Sous ses allures frustes de camionneur inculte, Viorel Roventu n’était-il pas un agent de la Securitate ? Ses deux amis étaient-ils suffisamment sûrs, suffisamment déterminés ? Raul pouvait-il leur faire confiance ? Par précaution, il ne prendrait jamais contact avec aucun des deux autres chauffeurs. Viorel serait son seul contact avec le groupe action comme Raul, qui ne s’était fait connaître que sous un nom de code – Radu – serait le seul contact de Viorel avec le groupe des intellectuels.  Chacun de son côté risquait sa liberté et sans doute sa vie.

Tout cela n’était que plans sur la comète tant que les conjurés ne disposent pas d’armes. Grâce à des complices au sein même de l’armée, Raoul avait pu faire sortir des grenades qui se trouvaient déjà dans la cave de Bucarest, mais c’était insuffisant. Dans la nuit du 8 au 9 septembre 1983, Viorel Roventu et ses deux amis chauffeurs, Petre Nastase et Nicolae Stanciu, passent à l’action. Ils jettent leur dévolu sur un poste de police particulièrement isolé, celui d’Osica de Sus, dans le département de l’Olt, qu’ils attaquent à la hussarde et dans lequel ils se saisissent de deux pistolets mitrailleurs AKM à crosse repliable, de 500 cartouches et de huit chargeurs. Le dernier acte va pouvoir commencer…

Viorel Rovenţu, il nous a fallu du temps et des méthodes à la Sherlock Holmes pour le dénicher dans un village proche de Giurgiu, non loin du Danube, et obtenir qu’il nous reçoive chez lui.

La route pour Giurgiu est un bon résumé de la Roumanie d’hier et de demain. Une presque autoroute, sans doute partiellement payée par l’Union Européenne, couvre la moitié de la distance. C’est la voie principale menant de Bucarest vers la Bulgarie. Mais l’autre moitié de la distance est faite de trous, de travaux interminables, de camionnettes poussives et de voitures occidentales de grand luxe. Les plaines proches conservent sous forme de grandes mares les reliquats des récentes inondations. Le paysage est plat, morne. L’entrée dans Giurgiu ne fait pas exception. Nous allons jusqu’au port, par curiosité. « Zone libre » dit une pancarte. Des containers rouillés, un pont de fer branlant, le désert au-delà de voies ferrées à l’abandon. Retour sur nos pas et recherche de la route pour Alexandria, que nous devrons ensuite quitter lorsqu’apparaîtra la silhouette d’une station d’essence Peco.

Voici la station, minuscule. Le chemin de terre est désormais infect et la pluie s’intensifie. Un chien chafouin rapporte entre les crocs un gros épi de maïs. Est-il végétarien, ou son maître l’a-t-il dressé au pillage des plantations voisines ? Les dernières carrioles rapportent en hâte leur piètre récolte gorgée d’eau. Après une montée presque inaccessible car défoncée et glissante, nous voici enfin à Stanesti. Sur la gauche, un chemin sur lequel nous dénichons le poste de police puis la mairie. C’est en face.

Une jeune femme brune et élancée vient nous ouvrir, accueillante et familière, l’épouse de Roventu qu’elle a rencontré à sa sortie de prison et à qui elle a donné un enfant aujourd’hui âgé de cinq ans, Serban. Nous pénétrons dans la cour boueuse d’une ferme aux vieux et modestes bâtiments de bois. Puis un homme aux cheveux poivre et sel scrupuleusement coiffés avance sur le seuil et vient à nous, souriant et décidé. Voici donc l’homme qui a failli abattre Ceausescu !

Sans se faire trop prier, Dans l’unique pièce au large tapis coloré et au poêle à bois, Viorel raconte d’abord le vol d’armes, la préparation du coup.

J’avais 26 ans. Loin de Bucarest, dans une région très retirée, nous avons attaqué un poste de police à 4h30 du matin, après le départ du gardien. Nous n’avons pris que deux pistolets mitrailleurs et la munition nécessaire mais nous aurions pu en prendre beaucoup plus. Le poste contenait même des dizaines  d’armes destinées à la garde patriotique[2].

Le plan s’échafauda peu à peu. Raul était favorable à un attentat au cœur de Bucarest. Parce qu’il considérait les chances meilleures ? Ou parce que, même en cas d’échec, le retentissement en serait forcément plus large ? Viorel, homme de la terre, se méfiait de la ville, y manquait de repères. Pour lui, c’est dans le décor de sa Roumanie profonde que le projet pourrait le mieux aboutir, sur une de ces routes qu’il avait sillonnées, d’abord comme gamin de ferme, ensuite comme chauffeur routier. Le choix final ne fut pas tranché, même si Raoul s’en tenait fermement à Bucarest tandis que Viorel imaginait déjà la voiture présidentielle s’approchant de chez lui, sur une de ces routes sans fin séparées de champs de betteraves ou de céréales par un talus propice à l’embuscade. C’est pourquoi, en désaccord avec les intellectuels du groupe, il choisit finalement de monter l’embuscade près de chez lui. Par quelques indiscrétions et des indices déjà observés précédemment, il avait acquis la certitude qu’une coopérative agricole devait bientôt faire l’objet d’une visite du Conducator. Il pensait que l’hélicoptère l’amenant de Bucarest se poserait à Giurgiu et que, de là, Ceausescu prendrait place dans une voiture intégrée à un convoi sécurisé. Il avait donc observé, sur la seule route possible, un S où les voitures devraient très fortement ralentir.

Le lieu de l’attentat se trouvait dans un double virage et nous aurions certainement pu l’atteindre. Je suis absolument sûr qu’il n’aurait pas pu échapper à notre tir. Moi, j’ai fait mon armée dans les blindés, j’y suis entré en simple soldat et j’en suis sorti sergent major. C’est rare d’arriver si vite à un tel grade. Quand j’ai fini mon service militaire, j’ai emporté discrètement un petit stock de cartouches perforantes. Avec ce dont nous disposions, même si elle était blindée, nous aurions tiré de moins de quinze mètres et nous aurions pu transformer sa voiture en boîte de conserves.

Les conjurés devaient se placer dans la courte section située à la perpendiculaire entre les deux virages.

Nous avions déposé des planches entre les deux bords du petit fossé, à l’abri de l’unique peuplier, et nous les avions recouvertes d’herbe pour nous dissimuler. Ça ressemble à un film mais c’est du vrai.

Ni la date ni le type d’armes n’avaient été choisis par hasard. Une semaine plus tard, le 17 septembre 1983, Ceausescu devait visiter, comme il le faisait régulièrement, une Coopérative agricole. Viorel avait déjà eu l’occasion d’assister à une de ces visites éclair. Il avait observé chacune des phases du déplacement, l’hélicoptère présidentiel qui se pose dans la petite ville la plus proche, les voitures qui attendent Ceausescu et sa suite. Ils y prennent place et partent en convoi rapide, cinq ou six véhicules tout au plus, en direction de la coopérative, à une vingtaine de kilomètres de là. C’est exactement ce qui doit se passer ce 17 septembre 1983. Au bord du Danube, en face de la ville bulgare de Ruse, l’hélicoptère atterrira à Giurgiu puis les voitures partiront en direction de Gostinu, où se trouve la coopérative. Nicolae Stanciu, l’un des trois chauffeurs, est justement natif de la région et connaît parfaitement l’itinéraire. Après le petit village de Branistea, au milieu de champs immenses et parfaitement plats, la route toute droite, non goudronnée, bordée de lourds peupliers, prend subitement, pour une raison inconnue, un tracé en baïonnette, qui obligera les conducteurs à ralentir à 30 ou 40 km/h. Les deux tireurs, Roventiu et Stanciu, seront postés en embuscade entre les deux virages à angle droit, agenouillés dans le fossé, cachés derrière l’unique arbre de ce court tronçon, leurs seules armes dépassant du talus d’herbes folles. Les balles des deux AKM devraient venir à bout d’un éventuel blindage.

Le hasard, à moins que ce ne soit le destin, n’est hélas pas du côté des conjurés. Au dernier moment, la visite de Ceausescu est annulée. Impossible d’affirmer si ce report fait suite à l’attaque du poste de police ou si, comme c’était alors fréquemment, les plans ont été modifiés pour cause de sécurité.

Je me suis dit : quand un commando entreprend une mission, pas question de faire demi-tour. Impensable. Je n’aurais pas pu dormir à l’idée que je ne serais pas allé jusqu’au bout. Un militaire ne recule pas !

Justement, une information discrète fait était d’une autre visite, quelques jours plus tard, du côté de Calarasi…

Du coup, nous sommes partis en direction de Calarasi J’étais au volant d’une Dacia. Nous sommes arrivés à un contrôle de police. Ils m’ont fait signe de m’arrêter, j’ai mis le clignotant à droite mais je ne me suis pas arrêté, j’ai contourné le barrage et j’ai foncé. La course poursuite a commencé à travers la ville. Les policiers qui nous ont pris en chasse avaient une voiture équipée de gyrophares mais, bizarrement, ils étaient en tenue de balayeurs. Une deuxième voiture a rejoint la première. Notre Dacia à nous ressemblait à toutes les autres mais nous avions fait quelques modifications. Par exemple, quand on freinait, les feux ne s’allumaient pas, pour tromper les poursuivants. J’ai freiné sec et j’ai pu prendre à droite dans une ruelle mais eux qui arrivaient à grande vitesse n’ont pas pu s’arrêter. Ils on dû aller tourner bien plus loin. Nous avons continué jusqu’à l’endroit où le Danube se divise en deux bras. Nous avons caché la voiture derrière une maison, nous l’avons recouverte d’une bâche et nous sommes partis à pied jusqu’à la rivière avec l’espoir de trouver une barque. Nous entendions au loin les sirènes.

Les trois hommes décident alors de se séparer. Viorel Roventiu et Petre Nastase restent ensemble avec les armes. Nicolae Stanciu repart en direction de son village, en stop, sans être d’abord inquiété. Mais c’est à l’approche Remus, le village de ses parents situé à cinq kilomètres de Giurgiu, que tout s’accélère. Sans doute le jeune Stanciu n’a-t-il pas été assez discret. Il semble que son père ait été averti de sa participation à l’attaque du poste de police d’Osica, à moins qu’il n’ait tout simplement découvert par hasard les armes cachées dans le foin. Toujours est-il qu’à son arrivée, Nicolae est proprement cueilli par la Securitate, qui l’embarque et va tenter de le faire parler. Comme ses deux autres camarades, il a fait le serment de ne jamais dévoiler l’existence du « professeur Radu», dont il ignore l’identité réelle, et de ses amis intellectuels. Il comprend que sa seule chance d’échapper à la mort consiste à cacher, quoi qu’il en coûte, l’existence du complot. Des armes volées, oui, mais pas pour un attentat, pour l’attaque d’une banque ! Malgré la torture, il n’en démordra pas. En revanche, après s’être tu le plus longtemps possible, il sera bien obligé d’avouer l’identité de ses deux camarades.

Pendant ce temps, pour Viorel et Petre, la folle poursuite a commencé. Ils ont pour eux de très bien connaître la région. Leur unique but : échapper à leurs poursuivants et tenter de passer à l’étranger. Mais ils n’imaginent pas quels moyens le ministre de l’Intérieur et le chef de la Securitate vont réquisitionner pour leur mettre la main au collet.

Tout le pays nous recherchait mais notre photo n’avait pas encore été diffusée. Nous avons donc pris l’allure de simples travailleurs en goguette.

Après avoir abandonné la Dacia, nous avons emporté les armes et nous avons emprunté deux vélos, cap à l’est en n’empruntant que de petits chemins de terre. Nous sommes passés près de Fetesti puis, à Facaeni, j’ai laissé mes armes à mon copain et je suis parti à vélo en direction du village[3] pour acheter un peu de nourriture. Il y avait une fromagerie, j’ai acheté un peu de fromage. J’ai aussi acheté des cigarettes et de la charcuterie puis je suis passé à la pharmacie pour acheter des pansements  et des antiseptiques, au cas où…

Quand j’ai rejoint Petre, il m’a dit que deux jeunes lui avaient demandé s’il n’avait pas vu deux moutons volés la veille. Nous nous trouvions à la lisière d’une forêt, tout près des marécages de Balta Ialomiţei. Nous sommes restés à l’abri pour manger un peu. Soudain, on a vu arriver le policier du village accompagné de son adjoint et  d’un berger. Mon copain ne comprenait pas bien la situation. Moi, je pensais qu’il nous fallait  filer. On a essayé de négocier, le policier nous a demandé qui nous étions. Je lui ai répondu que ça ne le regardait pas. Il est devenu agressif et vulgaire, il m’a dit des grossièretés sur ma mère. Je lui ai demandé pourquoi il me traitait ainsi, m’étonnant qu’il ne me reconnaisse pas alors que je l’avais pris en auto-stop quelques jours plus tôt. Ce n’était pas vrai  mais, par expérience, je savais que tous les policiers, faute de transports en commun, font régulièrement du stop. Il s’est calmé mais il m’a demandé ce que j’avais dans mon sac. Des vêtements à laver, lui-ai-je répondu, nous les apportons chez une amie qui va nous les laver mais nous ne voulions pas arriver chez elle à l’heure du repas. J’ai soulevé les vêtements et j’ai pris au fond du sac, à côté des armes, ma carte d’identité et mon permis de conduire que j’ai jetés à terre dans sa direction. Il s’est baissé pour les prendre. Alors, j’ai bondi de quelques mètres, je me suis retourné, j’avais le pistolet mitrailleur à la main et je leur ai ordonné de lever les bras. Ils étaient verts de peur. On les a désarmés et, comme il m’avait injurié, je lui ai passé ses propres menottes avant de lui casser la gueule et quelques côtes. Il est tombé à genoux en me suppliant de ne pas le tuer, sous prétexte qu’il avait quatre enfants à la maison. Lorsqu’ils ont été tous ligotés, nous sommes repartis.

Rovenţu poursuit sont récit. L’attentat contre Ceausescu a définitivement échoué, les conjurés sont en cavale, nous devrions en rester là. Pourtant, son histoire est l’étonnant miroir de la Roumanie de l’époque, entre dictature et Pieds Nickelés…

Au bord du fleuve, nous sommes tombés sur un vieux Lipovène[4] barbu. Il a volontairement jeté les rames à l’eau. Je l’ai prévenu que, s’il lâchait aussi la barque, je le tuerais. Nous avons pris place à bord en utilisant comme rame unique la planche du siège arrière. De l’autre côté, nous sommes tombés sur une bergerie où nous avons pris deux chevaux puis nous sommes partis en direction d’une forêt. Soudain, nous avons aperçu  une 4X4 Aro blanche, un véhicule de la Securitate, dans la cour d’une ferme où il y avait aussi deux petits avions d’épandage agricole. J’imaginais que ces hommes étaient là pour nous empêcher de voler un avion dont, bien sûr, nous ignorions jusqu’à l’existence.

Plus tard, nous sommes sortions d’un champ de maïs quand la voiture a surgi sur une digue toute proche. Ils étaient deux dans la voiture et, pour pouvoir tirer sur nous, ils devaient en sortir et se positionner en surplomb. Ils ont ouvert le feu, nous avons sauté de nos chevaux. Ils ne tiraient pas en rafales mais par coups, peut-être parce qu’ils n’avaient pas assez de munitions. Mon copain s’était blessé dans la fuite, il saignait. De l’endroit où j’étais, j’étais sûr de ne pas les rater mais je n’ai pas tiré, je me suis mis à ramper. Nous sommes arrivés ainsi à  un canal d’irrigation dans lequel nous nous sommes cachés et, quand ils sont passés en voiture sur la digue, ils ont fait tellement de poussière que nous en avons profité pour traverser la route sans être vus. J’ai dit à mon copain : ces gens vont nous chercher dans les maïs ou les forêts et ils ne penseront pas qu’on peut être dans un pré découvert. On a continué à ramper dans le champ labouré puis on a creusé un trou en long, dans le sens des sillons, on s’est mis tête contre tête pour pouvoir se parler, on s’est recouvert de brindilles. Ils sont passés avec les chiens à moins de 100 mètres, sans nous voir. Plusieurs autres voitures de l’armée sont arrivées sur la digue avec un grand nombre de soldats qui se sont mis à chercher dans les maïs. Ils avançaient en ligne, un soldat par rangée. On a vu arriver aussi Tudor Postelnicu, le grand patron de la Securitate roumaine, ainsi que Gheorghe Homosteanu, le ministre de l’Intérieur. Ils étaient arrivés en hélicoptère et ils ont survolé les bois, les champs de maïs et les villages, comme je l’avais prévu, mais pas le champ labouré où nous étions terrés.

Ainsi donc, ce sont toute la police et l’armée roumaine qui sont aux trousses des deux fuyards. C’est évidemment trop pour deux gaillards ayant forcé un simple barrage de police, et beaucoup encore pour de petits voleurs d’armes préparant une hypothétique attaque de banque…

A mon avis, ils savaient que nous voulions tuer Ceausescu. J’en ai eu la preuve plus tard puisqu’en prison ils m’ont gardé chaînes aux pieds pendant sept ans. Jamais ils ne les ont enlevées. Je ne pense pas que dans l’histoire des prisonniers de cette époque un seul ait subi le même sort. Ils étaient d’autant plus furieux qu’à ce moment-là, nous avons réussi à leur échapper et notre cavale a duré encore plusieurs jours, malgré les énormes moyens déployés en si peu de temps. Pensez ! Entre le moment où nous avions ligoté le gendarme et l’arrivée des grands pontes en hélicoptère, il s’était passé moins de trois heures !

De toute la journée, nous n’avons pas bougé. La nuit venue, nous voyions la lueur de leurs cigarettes. Un berger est passé avec ses moutons, nous avons traversé derrière lui. Nous avons traversé l’étang de Ialomiţa à la hauteur du village de Stupina[5]. Il y avait des soldats partout. On a vu la barque du garde forestier, c’était pleine lune, la barque avait un cadenas qu’on a fini par faire sauter. On a pris la barque[6] sans rames et on a traversé en pagayant avec des bouts de bois. On entendait des aboiements. On a fini par abandonner la barque, on l’a fait couler et on a continué à pied. Nous nous sommes à nouveau creusé un trou en plein champ avant que le jour arrive. Nous observions à distance la relève des soldats. La journée a passé comme ça. Nous étions près de la route de Constaţa. Avec la nuit, nous avons recommencé à avancer en direction de Stupina. On s’est approchés d’une bergerie, il n’y avait personne mais le four était chaud. On a pris un pain et de la couenne de porc puis on a repris la route jusqu’au village de Crucea. On a volé une voiture et on a continué. On est arrivé à Ovidiu, tout près de Constanţa. En passant le haut d’une côte, tous phares éteints, on a vu qu’en bas de la descente, il y avait un barrage de police qui filtrait toutes les voitures. Nous avons fait demi-tour et, dans une carrière, nous avons caché les deux pistolets mitrailleurs en ne gardant que les pistolets volés aux policiers. Le gardien de la carrière nous a surpris et nous a demandé ce que nous faisions là. Je lui ai expliqué que nous avions une panne électrique, que les gendarmes allaient nous arrêter à cause de ça et je lui ai demandé de nous faire sortir par une des portes latérales. Il a été d’accord et comme ça nous sommes sortis 100 ou 150 mètres en aval du poste de contrôle de la police.

Plus loin, nous avons abandonné la voiture et nous sommes partis à pied en direction de Constanţa. J’avais en tête de voler une vedette rapide des gardes-côtes pour filer en Turquie. Je savais ou les vedettes étaient rangées pour la nuit. J’avais prévu de sortir discrètement à la rame, plein est, et ensuite, j’aurais foncé plein sud pour pouvoir quitter les eaux territoriales roumaines et arriver en Turquie sans passer par les eaux territoriales de la Bulgarie, pays « frère » qui nous aurait immédiatement remis à la police roumaine.

Pour faire mon coup, je comptair sur l’aide d’un oncle qui travaillait justement au port. Hélas, je n’ai pas réussi à le trouver. Il nous a fallu attendre. Dans la ville, nous nous déplacions sans danger. Les flics n’avaient sans doute pas notre photo et, de toute manière, ils ne nous imaginaient pas ici. Pour dormir, nous nous cachions chaque nuit dans une école maternelle, là où, dans la journée, les enfants jouaient aux gendarmes et aux voleurs…

        Sans complicité sur place, nous ne pouvions voler une vedette qu’en utilisant la force. Nous avons donc décidé d’aller rechercher les armes où nous avions cachées. Nous sommes partis à pied et, dans une zone de vignes, une voix nous a ordonné de nous arrêter. C’étaient des soldats. Nous étions sur une toute petite route, la vigne se trouvait derrière une clôture de barbelés. A droite, on voyait encore Constanta. Il devait y avoir des soldats partout. On s’est mis à courir vers la vigne. Les soldats ont ouvert le feu. Une balle a touché un poteau de béton tout près de mon visage. J’ai reçu des éclats dans un œil et je me suis mis à saigner. Je n’y voyais presque plus. Dans la vigne, un petit tracteur était arrêté. Deux soldats ont intercepté mon copain Petre. Il a prétendu être le conducteur du tracteur et avoir vu les fuyards partir dans l’autre direction. Les policiers étaient tellement cons qu’ils l’ont cru et qu’ils l’ont laissé filer. Un peu plus tard, ils se sont jetés sur le vrai conducteur du tracteur, ils l’ont ligoté avec du fil de fer et ils l’ont emmené ! Moi, j’ai sauté une palissade et c’est là que j’ai été arrêté. Ils m’ont attaché les mains dans le dos et ils m’ont amené vers les deux grands chefs, le ministre de l’Intérieur Homosteanu et Postelnicu, le patron de la Securitate. Postelnicu m’a demandé mon identité. Je lui ai répondu que je ne voulais pas répondre à quelqu’un que je ne connaissais même pas et qui était en civil. Alors, il m’a dit :

–        Je suis Tudor Postelnicu et toi, tu t’appelles Rovenţu, n’est-ce pas ?

Petre Nastase a été arrêté le lendemain et a rejoint Viorel Rovenţu au siège de la milice à Constanţa, d’où ils ont été transférés à Bucarest.

On nous amis des lunettes noires et des masques à gaz ! On nous a fait monter dans un minibus plein de soldats et de sécuristes puis on nous a emmenés à Bucarest, au centre d’interrogatoires dans le quartier de Rahova. Pour nous accueillir, les policiers avaient fait comme une double haie d’honneur. Quand on est passés devant eux, ils nous ont donné des coups de poings, de pied, de matraques. Nous sommes arrivés à l’autre bout à moitié morts.  Ce n’était qu’un début. Pendant huit jours, nous avons été interrogés, battus, torturés. L’enquêteur principal m’a frappé si fort à coups de barres de fer que j’ai perdu connaissance sans avoir eu le temps de répondre à ses questions. De toute façon, je n’aurais pas répondu. A l’époque où je préparais notre coup, le professeur m’avait prêté des livres sur les Ninjas[7] japonais. Leurs structures étaient totalement cloisonnées. Dans chaque groupe, une seule personne connaissait une seule personne de l’autre groupe. Nous nous étions organisés de la même manière et j’étais donc le seul à pouvoir le dénoncé. Ils m’ont torturé de mille manières mais j’ai tenu. C’est pourquoi le professeur m’a toujours conservé sa confiance et son amitié.

Le professeur nous avait proposé de définir en commun une bonne raison de voler les armes, et de nous y tenir. Nous avions choisi l’attaque d’un bureau de la CEC[8].

C’est ce que nous leur avons dit pendant les interrogatoires et c’est pour ça, officiellement, que nous avons été condamnés à mort. Aberrant. Ils n’avaient aucune preuve. Aucun bureau de la CEC n’avait été attaqué, il n’y avait même pas le début d’un projet. Même la tentative n’a pas été prouvée. Ils voulaient nous éliminer sous un faux prétexte mais je suis certain qu’ils connaissaient notre vrai projet.

La grande crainte des enquêteurs, du patron de la Securtitate et du ministre de l’Intérieur était sans doute que Ceausescu apprenne l’existence d’un attentat que ses services de sécurité n’avaient pas vu venir et auquel il n’avait finalement échappé que par hasard. S’il l’avait su, il ne fait aucun doute que Postelnicu et Hosteanu auraient sauté, que les sous-fifres auraient perdu leur emploi. Tous, à tous les niveaux, faisaient  partie des privilégiés du système. Il n’allaient pas compromettre leurs privilèges en laissant éclater la vérité. Si par hasard Ceausescu avait des doutes, il fallait absolument les dissiper.

L’enquête avait toujours lieu sous la supervision d’un procureur militaire. Celui qui était présent pendant l’enquête s’appelait Mihaï Stefanescu. Les enquêteurs nous obligeaient par tous les moyens, coups, torture, à répondre ce qu’ils voulaient qu’on réponde. Il y avait huit questions auxquelles nous devions donner des réponses qu’ils avaient eux-mêmes rédigées. On nous a assis sur des chaises. Quelqu’un est venu nous filmer avec une caméra. En présence de Stefanescu, nous avons dû énoncer les réponses apprises par cœur, confirmer un scénario sans aucun rapport avec la réalité. Pas question d’attentat ni même d’atteinte à la sécurité de l’Etat. Une banale attaque de banque que les policiers, fortiches, avaient bien sûr réussi à déjouer à temps ! Apparemment, le film devait être présenté à Ceausescu.

Jamais, même dans la Roumanie de Ceausescu, une tentative à peine ébauchée de hold-up n’aurait mérité la mort.Telle est pouratnt la sentence qui allait tomber, une semaine plus tard, sur Rovenţu, Nastase et Stanciu, sans qu’ils aient jamais la possibilité de se défendre.

Les chefs d’accusation étaient « vol avec conséquences graves ». Selon la loi, nous n’aurions pas dû être condamnés à plus de sept ans. Or, alors que nousavions effectivement volé des armes mais que nous n’avions pas tiré une seule balle, nous contentant de menacer un policier avant de le ligoter, nous étions condamnés à mort. Même pour des assassins, la peine aurait été inférieure.

Nous sommes restés deux ans dans la section des condamnés à mort. Régulièrement, d’autres prisonniers, condamné pour des crimes particulièrement violents ou sadiques, étaient extraits de leurs cellules et exécutés par balle. Un des prisonniers, Viorel Dinescu, avait été condamné à 16 ans de prison pour avoir tué son commandant. En prison, il était devenu l’homme à tout faire des gardiens. Il ligotait les condamnés à mort. Il se chargeait aussi de leur dépouille après l’exécution, les habillait et les mettait dans le cercueil, que les policiers venaient ensuite chercher.

Pour nous qui étions à la prison de Rahova, le lieu d’exécution était une cour située à côté des bâtiments. Jusqu’en 1970, la mise à mort répondait à un rituel immuable, yeux bandés et peloton d’exécution, mais ensuite c’est un seul homme qui allait de prison en prison pour faire la basse besogne. Les premiers temps, il tirait simplement une balle dans le dos du condamné, à la hauteur du cœur. Mais tous ne mouraient pas sur-le-champ. C’est pourquoi, de mon temps, ils tiraient directement dans la tête.

Dans la petite ferme de Stanesti, Viorel Rovenţu est bien vivant. Bien que condamné à mort, celui que beaucoup voulaient faire disparaître en a donc réchappé. Par hasard et par chance, sans doute. Mais aussi parce que la Roumanie socialiste, aussi arbitraire ait-elle été, a toujours tenu à respecter les formes.

Plusieurs gradés nous ont fait venir, mes deux copains et moi, dans une salle d’interrogatoire de la prison. L’un d’entre eux m’a fait savoir que j’avais la possibilité de déposer un recours en grâce devant le Conseil d’Etat et que je disposais de quelques minutes seulement pour me déterminer. Ils nous ont laissés seuls quelques minutes pour nous concerter. Heureusement, nous avions appris par un gardien que les condamnés refusant de déposer une demande de grâce risquaient d’être immédiatement exécutés. Nous avions cela en tête lorsque nous nous sommes retrouvés devant les gradés. Le commandant mâchait des graines de tournesol et nous crachait les restes à la figure.  Un autre nous faisait courir sur la peau une matraque électrique. Nous avons vite compris leur jeu. Formellement, ils devaient nous proposer la demande de grâce mais ils faisaient tout pour nous exaspérer afin que nous les envoyions paître. Mais aucun de nous n’a réagi. Nous avons pris le papier et, l’un après l’autre, nous avons signé.

Un an plus tard, notre peine de mort a été commuée en 25 ans de prison mais, alors que les deux autres on été transférés dans une prison plus accueillante, j’ai été maintenu pendant encore plusieurs mois dans la section des condamnés à mort et on ne m’a pas retiré les chaînes que j’avais aux pieds.

Pour son anniversaire, le 26 janvier 1988, Ceausescu a fait publier un important décret d’amnistie en quatre points :

1.    Tous les condamnés à moins de dix ans seront amnistiés et libérés.

2.    Les condamnés à plus de dix ans verront leur peine réduite de moitié.

3.     Les condamnés à mort purgeront 25 ans de prison.

4.    Tous les condamnés libérés se verront offrir par les mairies un logement et un emploi.

Rovenţu n’est donc plus condamné, en théorie, qu’à douze ans et demi de prison, dont il a déjà effectué près de la moitié. Les condamnés à de courtes peines étant libérés, l’administration pénitentiaire a besoin de nouveaux candidats pour travailler dans la fabrique de chaussures militaires installée dans l’enceinte de la prison. Comme d’autres, il se propose mais, à leur différence, il n’est pas choisi. Pire, on ne lui retire toujours pas les chaînes qu’il porte maintenant depuis cinq ans.

Une nuit, la porte de la cellule s’est ouverte. Ce n’était pas habituel. Un gardien est venu près de moi, m’a menotté et m’a fait monter dans une voiture, destination le pénitencier de Colibasi[9].

Le professeur ne m’avait pas oublié. Dès le début de la Révolution, il m’a fait passer des vêtements, certain que j’allais être libéré. Ni lui ni moi n’imaginions que j’allais faire encore 9 ans de prison !

 


[1] Iuliu Maniu est effectivement mort à la prison de Sighet, le 5 février 1953, et a été enterré de manière anonyme dans le cimetière réservé aux prisonniers.

[2] Garde patriotique crééee par Ceausescu pour répliquer à une éventuelle invasion soviétique après l’intervention en Tchécoslovaquie.

[3] De Calarasi à Facaeni, 60 km environ

[4] Les Lipovènes sont les Russes qui ont fui les persécutions religieuses de leur pays pour s’installer près du delta du Danube

[5] Même latitude que Facaeni, 20 km à l’est

[6] Rovenţu dit toujours « prendre », jamais « voler ».

[7] Un ninja (忍者) ou shinobi était un guerrier-espion dans le Japon médiéval. Dans l’imaginaire des occidentaux et même des japonais, image d’ailleurs largement colportée par les films, bandes dessinées… on se représente les ninjas comme des guerriers vêtus de noir, une cagoule masquant leur visage, accomplissant des exploits physiques en combat, des acrobaties, et experts dans les techniques de dissimulation, d’empoisonnement, et même versés dans les arts magiques…

[8] Cassa de Economie şi Consignatie, Caisse d’économie et de consignation, coopérative bancaire de type Caisse d’épargne, présente dans toute la Roumanie au temps du communisme.

[9] Près de Pitesti, à 80 km de Craiova et 100 km de Bucarest

Laissez un commentaire. Merci.