c. Les Grecs fondent Marseille

 

A cette époque, il y a déjà longtemps que les côtes de la Provence sont visitées par des naviga­teurs venus de tout le pourtour méditerranéen. Grecs égéens, corynthiens et ioniens, Phéniciens de Tyr et Sidon, Etrusques de la péninsule ita­lienne, Puniques de Carthage, pratiquent le com­merce avec quelques peuplades celto-ligures installées à proximité du littoral. Mais c’est aux alentours des années 600 av. J.-C. qu’un groupe de Grecs de Phocée jette son dévolu sur le site actuel de Marseille. Des îlots, des collines, une acropole, un port encaissé, tout est là pour créer une ville.

Au début, Marseille (Massalia) reste une petite bourgade, vivant en bonne harmonie avec ses voi­sins. Mais, en 540, en Grèce, les Perses détruisent Phocée et une deuxième vague de Phocéens rejoint le premier groupe à Marseille. Dès lors, la vie s’organise à la mode grecque. La ville bat monnaie; une ploutacratie commerciale gère les affaires et assure la stabilité; des navigateurs par­tent explorer les côtes du Sénégal et les mers du nord; le commerce d’ambre avec la Baltique, d’é­tain avec la Bretagne, s’établit par la vallée du Rhône et la voie continentale; Marseille exporte des vins traités à la manière grecque et installe des comptoirs le long des côtes languedocienne, Agde et, surtout, provençale, Cavalaire, Saint-Tropez, Antibes, Nice, Monaco, une zone d’influence phocéenne s’installe dans l’arrière-pays, où la reli­gion et les divinités grecques s’imposent, en partie du moins, à certains groupes celto-ligures.

Mais ce que les celto-ligures apprennent des phocéens, plus qu’une religion, ce sont d’abord des pratiques agricoles. Ainsi apparaissent les premières plantations d’oliviers et les premières vignes taillées. La Provence moderne doit donc beaucoup aux envahisseurs grecs.

Tôt après la fondation de Marseille, les Grecs avaient établi de bonnes relations avec Rome. En 218 av. J.-C., lorsque Hannibal traverse la Gaule et franchit le Rhône, Rome envoie soixante navires qui débarquent à Marseille deux légions. Ensemble, Massaliotes grecs et légionnaires romains font face à l’ennemi carthaginois. Cette solidarité se poursuit après l’installation romaine en Espagne. Il est de l’intérêt des commerçants marseillais comme des administrateurs romains que les voies maritimes et terrestes soient sûres. Marseille et Rome font donc régner leur ordre sur mer et sur terre.

En 125 av. J.-C., menacés par la Confédération Salyenne, les Marseillais font à nouveau appel aux Romains. Mais, cette fois, ils ne quitteront plus la Provence: le consul Fulvius Flaccus passe les Alpes, descend la vallée de la Durance. Un an plus tard, le consul Sextius Calvinus entre à son tour à la tête de plusieurs légions, défait et dissout la Confédération des Salyens, détruit leur capitale, Entremont, à l’emplacement de laquelle il fonde, au pied des sources thermales, une ville qui porte son nom, Aquae Sextiae, l’actuelle Aix.

Sur sa lancée, Rome défait Gaulois et Arvernes et pousse jusqu’à Toulouse, créant ainsi une nou­velle province romaine, la Narbonnaise. Marseille conserve son indépendance et se voit reconnaître, outre la possession de la ville et de son immédiat arrière-pays, la propriété d’une bande de terre de 2 km de largeur, allant de l’embouchure du Rhône au rocher de Menton.

 

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