Croatie

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Nous voici donc en villégiature quasiment touristique dans le plus bel hôtel de Dubrovnik, l’Excelsior, plongeant dans les eaux vertes et limpides de l’Adriatique, et surplombant sans obstacle les puissants remparts, le désuet petit port et les toitures rouges de l’ancienne Raguse.

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Rouges et clinquants, les toits de tuiles rondes. Rouges. Tous. Ou enfin presque tous. Quelques-uns sont plus clairs, plus crème, plus irréguliers. C’est que la tuile rouge, provençale, est un cadeau de la ville de Toulouse pour la reconstruction de la ville. Et que tout, ou presque, a dû être rebâti ou du moins réhabilité.

Voilà que les images de la guerre reviennent en mémoire. Un siège de près d’un an, des pilonnages quasi-quotidiens du haut de la colline où on accède désormais par un téléférique flambant neuf. Par d’eau courante. Ni d’électricité. Comment ont-ils tenu, ces assiégés dont plusieurs centaines sont morts et dont les survivants font mine de ne penser qu’aux bienfaits du tourisme et de l’Europe, toujours rêvée malgré ses soubresauts actuels.

Oui, la plupart des toits sont rouges. Comme l’histoire. Refaits comme est refaite l’histoire. Dans les modules restaurés du grand lazaret d’antan, des associations d’artistes ont pris place et, plusieurs fois la semaine, l’excellent groupe folklorique Lindo ressuscite la gaieté insouciante d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Dans le cœur de la vieille ville, églises et maisons s’efforcent de dissimuler la légère différence de teinte entre façades vraiment anciennes, ravaudages ponctuels et reconstructions à l’identique.

Dans les ruelles où se nichent les terrasses les plus savoureuses et les plus locales, pas données tout de même, le sourire est de rigueur. Les gens sont accueillants, gentils, et s’efforcent de nous communiquer, en quelques mots empruntés à nos sabirs de riches, le détail de la carte et leur inévitable joie de vivre.

Oui, malgré le rouge des tuiles et la résurrection trop impeccable des édifices, le passé proche semble s’être estompé d’un seul coup de baguette magique. Vive aujourd’hui ! Vive demain ! Pourquoi parler d’hier ? Comme en Roumanie où il est désormais illusoire d’évoquer avec la jeune génération le temps du communisme ou les heures de la révolution de 89, l’Histoire récente appartient désormais au passé, au même titre que les invasions successives, pacifiques ou pas, des Ottomans, des Hongrois, des Grecs, des Romains…

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