HYMNE DE LA ROUTE DES ESCLAVES
(Chanté par les enfants de l’île de Gorée en français, ouolof, peul, mandingue.)
Ils sont des milliers de sourires Qui aimeraient éclore à la vie Et qui s’effacent sous les soupirs De toute une enfance meurtrie. Des milliers à courber l’échine Pour quelques pièces d’argent Dans les carrières et dans les mines Dans le froid et sous le vent Ils sont des milliers d’yeux hagards Aux petits corps souffreteux Qui triment du matin au soir A moitié nus le ventre creux.
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C’est un chant de lumière C’est un hymne à la vie Fervent comme une prière Ardent comme un défi Que vous offrent tous en chœur Les enfants de cette île Pour qu’un jour le bonheur Vous soit plus facile Ils dorment sur des tas d’ordures Sous le ciel d’Amérique latine S’usent la vie dans les filaturesLes ateliers et les usines. Ils tendent leurs pauvres sébiles Au bout de leurs bras décharnés Clopin-clopant sur des béquilles Du Nil à la Méditerranée A l’école des bidonvilles Ils font couler leurs premières larmes Pour eux les seuls jeux utiles Sont la violence et les armes.
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C’est un chant de lumière C’est un hymne à la vie Fervent comme une prière Ardent comme un défi Que vous offrent tous en choeur Les enfants de cette île Pour qu’enfin le bonheur Vous soit plus facile Qu’ont-ils fait à notre enfance Ceux qui commandent à la terre Ils ont sacrifié l’innocence Au dieu monstre de la guerre Connaîtrons-nous enfin un jour Les jeux auxquels nous avons droit Un foyer, une école l’amour Un pays où l’enfant est roi. Alors que le vent porte au loin Derrière les falaises de cette île Ces mots d’espoir et de chagrin Car le bonheur c’est si facile.
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C’est un chant de lumière C’est un hymne à la vie Fervent comme une prière Ardent comme un défi Que vous offrent tous en chœur Les enfants de cette île Pour qu’un jour le bonheur Vous soit plus facile.
Sarah Dika-Carrere