d. L’épopée du Pony Express

 Pony_Express_Poster

« ON RECHERCHE des jeunes gens de moins de 18 ans, maigres et nerveux, cavaliers expérimentés, acceptant de risquer la mort chaque jour. Orphelins de préférence. Gages: 25$ par semaine. S’adresser aux écuries du pont’ express, St Joseph, Missouri ».

Affichée en 1860, cette offre d’emploi rie s’adressait pas spécifiquement aux cow-boys et autres pousseurs de bétail. Pourtant, la plupart des héros inconnus de 1′extraordinaire aventure du Pony-Express se recrutèrent parmi les jeunes cowpulchers, désireux de gagner plus d’argent que sur la piste ou dans un ranch, et de se prouver à eux-mêmes que l’impossible était à leur portée.

Tout avait commencé vingt ans plus tôt, lorsque le Suisse Johann August Suter était arrivé en Californie, alors possession mexicaine, pour y installer un véritable « empire » basé sur le commerce de la fourrure et l’élevage du bétail. Huit ans plus tard, en février 1848, un des ouvriers de Suter découvrait de l’or dans la propriété. Aussitôt, ce fut le rush, la ruée. Toute l’Amérique s’enflamma. A peine débarqués sur la côte est, des dizaines de colons s’engagèrent sur la piste qui menait, au travers de plusieurs milliers de kilomètres de  solitude et d’embûches, vers la fortune et ses mirages. Pour les plus rapides, le voyage par les terres dura près d’un an tandis que d’autres, désireux d’être les premiers sur place, doublaient en bateau l’Amérique du Sud par le Cap Horn avant de remonter, lentement mais – relativement – plus sûrement jusque sur les côtes de Californie.

L’or et la fortune ne furent que rarement au rendez-vous. La fièvre retombée, des dizaines de milliers d’émigrants restèrent en Californie pour la simple raison que là s’arrêtait, face au Pacifique, la ruée vers l’Ouest, et qu’ils n’envisageaient pas de revenir sur leurs pas vers un avenir incertain, à travers des contrées qu’ils n’avaient réussi à traverser que grâce au fol espoir qui les avait animés. La population de la région de San Francisco était ainsi passée en quelques années de 20.000 à 250.000 habitants. Ces Américains-là se sentaient en exil, à 3000 kilomètres à l’ouest des ultimes voies ferrées qui, à l’époque, s’étaient avancées à la rencontre des troupeaux des plaines mais n’avaient pas encore pris d’assaut les Montagnes Rocheuses. En 1856, une pétition avait recueilli la signature de 75.000 Californiens réclamant au Congrès une liaison postale avec le reste du pays.

Deux banquiers, Wells & Fargo, avaient certes institué un service de diligences. Mais ces véhicules étaient lourds et le trajet d’autant plus dangereux que leurs diligences étaient connues, y compris par les bandits de grands chemins, pour transporter de l’or…

C’est alors que Russell, Majors et Bradford, trois amis qui s’occupaient de transports dans l’Ouest, se souvinrent d’un exploit, réalisé quelque années plus tôt par un immigrant français, François-Xavier Aubrey, qui avait réussi à couvrir à cheval, en 1853, la distance de 1300 kilomètres séparant Indépendance (Missouri) de Santa Fe (Nouveau-Mexique) en cinq jours et demi, ne descendant de cheval que le temps de changer à des relais préétablis. Les trois hommes se mirent en tête de relever ce défi, et d’établir un courrier régulier, qui relierait St-Joseph (Missouri) et Sacramento (Californie), soit plus de 3000 kilomètres, en dix jours. 190 relais furent installés, où les cavaliers du Pony Express pourraient trouver une monture fraîche. Chaque cavalier devrait ainsi changer de monture cinq fois par jour. Les arrêts ne devraient pas excéder deux minutes. La liaison fut inaugurée le 3 avril 1860 et la distance couverte en dix jours, comme prévu. Les acteurs de cette grande première furent accueillis en héros.

Dans les mois qui suivirent, les cavaliers du Pony Express furent au total plus de quatre cents à affronter les multiples dangers de l’Ouest, bandits aux aguets, Indiens sur le sentier de la guerre, chevaux récalcitrants et accidents en tous genres. D’abord vêtus d’une chemise rouge et d’un pantalon bleu, puis d’une veste de cuir à franges, ils étaient coiffés d’un solide chapeau de feutre brun et armés d’une Winchester et de deux Colts.

L’existence du Pony Express fut de courte durée car les dix jours nécessaires au transport d’un courrier rapide rie purent concurrencer les performances du télégraphe, qui entra en service moins de deux ans plus tard. Mais le courage et l’endurance de ces cavaliers hors-pair fit beaucoup pour renforcer le mythe du cow-boy. Certes, il ne s’agissait pas d’un travail en rapport direct avec celui qui consistait à surveiller des longhorns ou à cheminer sur les pistes du bétail, mais nombre d’anciens et néanmoins jeunes – cavaliers du Pony Express utilisèrent leurs gains pour acheter un premier troupeau et se lancer à leur tour dans l’élevage ou sur les pistes, où ils insufflèrent un rythme nouveau et eurent à coeur de battre les cowpulchers sur leur propre terrain.

 

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