Il fallait être éditeur pour songer à placer, dans un seul livre, deux régions aussi dissemblables que la Bretagne et la Normandie. Certes, ce n’était pas simplement un caprice. Il est vrai que, vues de Suisse, ces deux contrées voisines semblent n’en faire qu’une, que la frontière géographique, historique, humaine, économique qui les sépare n’apparaît pas à première vue et que, la distance aidant, le voyageur suisse qui met le cap au nord-ouest de la France a de bonnes chances d’inscrire au même programme Bretagne et Normandie.
Nous nous sommes donc attelés à la périlleuse tâche consistant à faire cohabiter ces deux mondes. Mais, tant par la photographie que par le texte, nous avons tenu à ne pas mélanger les genres. Sur le terrain, nous nous sommes intéressés à une région, puis à l’autre. Dans le livre, il en ira de même. Nous n’avons pas voulu que des chapitres soient communs, même si, dans quelques domaines touchant à la mer, à l’agriculture, à l’écologie et au climat, les situations et les problèmes peuvent se ressembler. A chacun donc, après lecture et découverte, de faire apparaître les points communs, s’il y en a.
Le texte a privilégié l’histoire, les coutumes, les croyances, les efforts, les peines et les joies, bref, tout ce qui fait que quelques millions d’individus ont le sentiment de ne faire qu’un. La photographie, elle, s’est attachée aux beautés évidentes ou cachées, aux couleurs, aux ambiances, bref, à tout ce qui fait d’une parcelle d’univers une succession infinie de surprises et d’émerveillements.
Et nous sommes parvenus au terme de notre travail en nous disant qu’après tout, notre éditeur n’avait peut-être pas eu tort de vouloir accueillir sous un même toit l’âme bretonne et la saveur normande.