c. La démesure de Fos-sur-Mer

 

Dans la première moitié de ce siècle, l’essor éco­nomique, le développement industriel et l’extraor­dinaire progression de la consommation pétrolière ont transformé l’étang de Berre en un véritable domaine réservé. Ce plan d’eau de plus de 15 000 hectares, qui communique avec la Méditerrannée par le canal de Caronte et le tunnel du Rouve, est une lagune dont la profondeur ne dépasse pas 9 m et dont les eaux, salées, sont adoucies par l’apport de deux rivières. Le pourtour long de 75 km, pré­sente aujourd’hui un aspect irréel, fait de coupoles métalliques, de réservoirs d’aluminium, de torchè­res brûlant jour et nuit, d’industries aux dimen­sions imposantes et aux formes chantournées. Mais l’étang de Berre et son avant-port de Lavera ne suffisaient plus. En 1965 a été entreprise la construction d’un des plus grands ports d’Europe, Fos-sur-Mer.

Ironie de l’histoire, la petite cité de Fos tient son nom des Fosses Mariennes, canal construit au temps des Romains pour relier Arles à la mer par un accès navigable, sûr et permanent. Mais les Fosses Mariennes, comme d’ailleurs le château fortifié de la petite cité, font aujourd’hui piètre figure à côté de l’immense ensemble de Fos, dont les activités maritimes sont gérées par le port auto­nome de Marseille.

Le port peut accueillir des navires de 250 000 et 400 000 tonnes. Il reçoit les minerais d’Afrique et d’Amérique, le pétrole d’Arabie, d’Afrique et du Venezuela, le gaz liquéfié d’Algérie, ainsi que des marchandises diverses, dont le tonnage augmente, compensant en partie le recul des importations pétrolières, lié à la crise économique.

En léger retrait du port lui-même, une zone in­dustrielle de 20 000 hectares permet le traitement d’aciers spéciaux, de métaux non-ferreux, de pétrole et de dérivés, de gaz, ainsi que la transfor­mation de produits chimiques de base.

Avec Fos, Marseille s’est étendue jusqu’au Rhône sur une longueur de 70 km. Le développement ou, à tout le moins, la compétitivité économique, est à ce prix. Le choix de cette expansion, un temps contesté, semble désormais rallier les plus critiques, même si les nécessités de la crise pétro­lière obligent aujourd’hui cet immense complexe portuaire, rebaptisé «Europort Sud», à trouver des activités et des débouchés complémentaires. Mais il est évident que, tant pour l’équilibre écologique que pour l’harmonie démographique et le main­tien des traditions régionales, une réalisation de cette ampleur présente de graves inconvénients. Les Camarguais, qui n’en sont préservés que par la largeur du Rhône, sont bien placés pour en mesurer la menace.

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