Louisiane

 

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Pas le temps, durant mes retrouvailles avec cette Louisiane que je connaissais bien et que je n’ai jamais cessé d’aimer, d’écrire chaque jour. Les rencontres, les musiques, les fêtes, les confidences, les émerveillements et la nostalgie ont occupé toutes mes journées et une belle partie de mes nuits. Mes notes de voyage, prises dans l’avion du retour, sont donc très incomplètes et très imparfaites. Désolé.

Je suis revenu en Louisiane avec une crainte chevillée au cœur : ne pas retrouver, perdus dans l’envahissant magma américain, nos lointains cousins, leur âme, leur langue et leur pétulante tendresse. Crainte confirmée à la Nouvelle-Orléans. L’ouragan Katrina n’a fait qu’accélérer une triste évolution : le Vieux-Carré se donne toujours en spectacle mais, dans les discrètes courettes intérieures, les petites gens ont disparu au profit de bobos anglophones qui se soucient du passé français comme d’une guigne. Seul le cimetière St Louis conserve dans la pierre le souvenir de familles à jamais évanouies.

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Cap à l’ouest. Crainte aussitôt envolée. Lafayette, épicentre du pays cadien. Ici, la terre tremble à chaque fin de semaine sous les coups redoublés des danseurs millésimés, de 7 à 77 ans au moins. C’est ainsi que vivent nos vrais cousins de Louisiane, ceux qui avaient d’abord quitté le Poitou ou l’Auvergne pour le Canada alors français, et que la défaite d’un roi de France avait ensuite livrés à l’arbitraire des vainqueurs anglais. Retour forcé à Belle-Ile-en-Mer, pour certains, « Grand Dérangement » pour la plupart des autres, abandonnant derrière eux leur Acadie bien-aimée avant de traverser à pied, du nord au sud, les terres immenses qui forment aujourd’hui les Etats-Unis, et trouvant enfin refuge dans ces étendues marécageuses où ils cultiveront ensemble, contre vents et marées, leur ancestral goût de la vie et de l’effort.

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Voilà une génération, la langue française avait bien failli disparaître à jamais du pays cadien. Aujourd’hui, la plupart des vieux pratiquent encore ce langage que nous ne comprenons guère, tandis que les adultes ne s’expriment qu’en américains mais que leurs petits-enfants apprennent en classe d’immersion le français de France, qu’ils s’empressent d’aller confronter au « cadien » de leurs grands-parents. Belles rencontres! Tendres mélanges ! Nos petits cousins d’Amérique redécouvrent le parler de leurs ancêtres. La Louisiane des Cadiens n’est pas morte. Mieux : au-delà de sa langue, elle n’a jamais oublié ces trois valeurs simples que sont la liberté, l’égalité et la fraternité.

Mercredi 7 octobre 2007

Comme toujours, départ en catastrophe. Embarquement sur Continental, décollage on time. Avion presque plein. Installé à côté d’une jeune femme de prime abord rébarbative, cheveux courts auburn, petite mèche claire sur l’oreille gauche. Beau visage tout de même, qui s’éclaire alors qu’elle s’assoupit et se crispe à nouveau lorsqu’elle revient à l’éveil.

Arrivée à la Nouvelle Orléans, sans encombre mais après une correspondance interminable à Newark. Après récupération de ma valise et réinsertion dans le circuit des vols intérieurs, bus pour un des centres commerciaux assez proches de l’aéroport, à la recherche d’un téléphone portable avec numéro américain et d’un GPS qui me sera nécessaire en voiture. Le mall n’est quasiment consacré qu’à des magasins de fringues, de faux ongles, de parfumerie. Quelques stands de compagnies de téléphone, cependant. Verizon propose un Samsung pour moins de 40 dollars avec quelques unités comprises. Exactement ce qu’il me faut. La vendeuse me fait l’article pour l’exemplaire exposé mais, lorsqu’il s’agit d’acheter, il n’y en a plus en stock et elle n’est pas autorisée à me vendre l’exemplaire qu’elle m’a montré. Soit. Je me passerai de téléphone local et me contenterai de mon portable suisse. Quant au GPS, il faut voir la binette des quelques personnes à qui je demande où on peut les trouver. Je suis pour eux un extraterrestre. Un GPS, vous n’y pensez pas ! Il n’y en pas par ici. Alors où ? Personne ne sait. Variété inconnue. Passez votre chemin.

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Il est tard. Une navette m’emmène chez Dollar, auprès de qui j’ai obtenu un tarif ridiculement bas. Mais il me faudra ajouter la location du GPS, 120 dollars pour deux semaines, quasiment le prix d’achat. Mon GPS me fait passer par des voies étranges. Arrivée tout de même à proximité du quartier français. Hélas, j’ai mal noté l’adresse de l’hôtel Provincial (rue Charles au lieu de rue Chartres) et seul un appel téléphonique me permettra de réparer l’erreur. L’hôtel est plutôt agréable. Angle de la rue Chartres et de la rue Philip. Chambre au premier, donnant sur une belle cour intérieure où les clients prennent au matin un petit déjeuner sans goût ni grâce mais heureusement gratuit.

Jeudi 8 octobre

Rendez-vous avec Michelle D., qui travaille pour l’agence Monde Créole, recommandée par le Routard et le Petit Futé. Michelle est touchante et déconcertante. Française originaire de Cannes, elle a épousé un Américain aux origines française, lui aussi. Ou plutôt corses, me confiera-t-elle plus tard. Elle vit en-dehors du Vieux Carré, dans une maison qui, comme les autres, a été entièrement détruite par l’ouragan Katrina. Ici, pour paler des événements contemporains, on date d’avant Katrina et d’après Katrina.

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Michelle a conservé un peu de son accent du sud. Longiligne, mal fagotée mais à la française, elle a la voix haut perchée et semble appartenir à un autre âge. Elle guide les visiteurs francophones lundi, mercredi et vendredi tandis que son collègue Bill se charge des anglophones les autres jours. Exceptionnellement, j’ai obtenu ce rendez-vous un jeudi, ce qui me permet de faire avec Michelle, mais sans touristes, le circuit qu’elle propose habituellement, en particulier dans des cours intérieures dont on lui a confié la clé. Intéressant. Puis nous allons manger, mal, dans un bistrot proche de la maison Napoléon. Après 1815, des Français d’ici avaient acquis cette maison dans l’espoir d’y accueillir Napoléon, prisonnier des Anglais à Sainte-Hélène. Rêve jamais réalisé, bien sûr, mais le bistrot arbore le bicorne de Napoléon et l’hôtel voisin se nomme Sainte-Hélène.

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Vendredi 9 octobre

Encore quelques prises de vues à la Nouvelle Orléans puis en route pour Lafayette. Mauvais temps. Autoroute au-dessus des bayous. Entrée dans le pays cajun. Bretelle vers l’adresse de Janine Dugas, un danseuse du groupe Renaissance Cadienne, chez qui mon ami François, savoyard épris de Louisiane, a pris « pension » – ils se connaissent depuis des années) -et où je vais passer la nuit « sur un canapé », m’a prévenu François.

En fait de canapé, ce sera une des trois grandes chambres de la maison. Le soir, nous allons à « La Poussière » à Pont Breaux , 30 km, une salle de bal à l’ancienne, dans un vilain hangar, mais qui existe depuis des lustres et où les vieux cajuns se bousculent chaque vendredi. L’orchestre joue en particulier le « Non, je ne regrette rien », de Piaf. François est content, il danse beaucoup et retrouve les partenaires de ses années précédentes. Ce qui me frappe, c’est la passion de tous ces gens, pas toujours jeunes, pour la musique, la danse, les retrouvailles.

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Aussi loin que mes souvenirs me portent, ça ressemble à mes premiers bals de pré-adolescent, à la salle Jean Robert, à côté de la mairie, là où il y eut ensuite la caserne des pompiers puis, finalement, le carré de gazon qui se mire dans le miroir concave de la façade « moderne » de la mairie. Mais à l’époque, les jeunes filles assises en rond autour de la piste ou installées aux rares tables, étaient trop souvent chaperonnées par un de leurs parents, généralement leur mère ou leur grande sœur. Ici, pas de chaperon puisque les danseuses frôlent les trois quarts de siècle et s’empressent d’accepter chaque invitation. Elles dansent fort bien, essentiellement les deux rythmes cajuns, valse et two-steps, mais s’autorisent aussi de spectaculaires figures de rock avec les premier venu, tandis que leur mari en fait autant avec l’une des rares jeunettes – la quarantaine au moins – de l’assistance. La fête commence tôt, 19 heures, et se termine tôt, un peu plus de 22 heures. L’entrée coûte 10 dollars, les boissons servies au bar ne dépassent pas 2 dollars et l’assiette (en plastique) de jambalaya est gratuite et renouvelable.

Samedi 10 octobre

Lever à 6 heures. Il faut retourner à Pont Breaux, mais cette fois au Café des Amis, où on danse en prenant le petit déjeuner à partir de 7h30. Lorsque nous arrivons, une queue à commencé à se former. Un peu plus tard, elle sera de plusieurs dizaines de mètres, sur le trottoir, bon enfant. Clientèle plus jeune qu’à La Poussière. Orchestre essentiellement noir. La salle ne compte qu’une centaine de places assises mais certains des clients ne font qu’une brève apparition, le temps d’un solide breakfast et de deux ou trois danses, aussitôt remplacés par les premiers des viennent-ensuite, tandis que les derniers arrivés dansent sur le trottoir, malgré le froid et la pluie.

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Visite éclair à Eunice, chez Marc Savoy, célèbre et adorable accordéoniste cajun, qui construit et répare également ces précieux instruments. Chaque matin, dans l’antichambre de son atelier, on se réunit pour jouer ou écouter de la musique cajun, gratuitement, avec même en offrande un peu de ce boudin si piquant qu’apprécient les gens du lieu. Il y a là beaucoup de vieux musiciens de la région, violon, accordéon, guitare, qui se succèdent alternativement au fond de la salle et dans les quelques sièges réservés au public. On vient de loin pour rencontrer Marc. Ce matin, un assez jeune violoniste australien au chapeau décati et aux dents improbables. Il me montre et m’offre son disque, aimerait s’installer comme musicien aux Etats-Unis mais n’espère pas trop une improbable green card.

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Vers 16 heures, départ pour St Francisville, à 200 km. Je dois y dormir pour être prêt, au petit jour, à me rendre au rodéo d’Angola, l’un des plus grands pénitenciers des USA. On y vient de loin et les chambres sont prises d’assaut. J’ai néanmoins pu en dénicher une par internet, pour plus de 150 dollars la nuit !

L’hôtel  est charmant et désuet. La maison où la propriétaire, Mme Barrows, me loge, existait déjà lors de la Guerre de Sécession. On voit encore, dans la toiture, les traces d’un méchant boulet de canon. Légère et fine, Mme Barrows est adorable et cultivée. Démocrate et libérale dans un Etat majoritairement républicain, conservateur et raciste, elle n’envoie pas dire leurs vérités aux habitants de la cité. Un gros village, en fait, où a vécu le célèbre naturaliste Audubon, et qui semble ne pas appartenir à la Louisiane « française ».

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Il se fait tard, je vais pourtant dîner dans un des bons restaurants du lieu, une ancienne plantation « antebellum », comme on dit ici, c’est-à-dire remontant aux années d’avant la guerre (de Sécession, bien sûr, 1861 si ma mémoire est bonne…). Cher, en particulier à cause du vin, mais le plat du soir, copieux et délicieux, consiste en particulier en un crabe de la région, sans doute attrapé avec sa carapace dure, mais laissé dans l’eau douce jusqu’à ce qu’il s’en défasse. Du coup, c’est une enveloppe à peine croquante, enserrant une chair délicieuse, qu’on plonge, légèrement panée, dans la friture. Vraiment convainquant. Mais une fois encore, je vais devoir me lever tôt. La journée de demain sera longue.

Dimanche 11 septembre

Lever à 6 heures. Le temps reste froid est menaçant. J’ai rendez-vous à 8 heures, à une cinquantaine de kilomètres, avec la responsable « relations publiques » du pénitencier d’Angola, un des plus grands des Etats-Unis.  Je pensais l’accès difficile. J’ai envoyé un simple mail à l’administration de la prison et deux jours plus tard, je recevais une réponse commençant par « Hii, Alex… » Même dans les grands rodéos officiels (Stampede, Frontier Days), je n’avais jamais été accueilli avec autant d’empressement.

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L’événement est très couru, jusqu’à 10.000 personnes chaque dimanche d’octobre. L’accès du public commence à 11 heures, pour les emplettes, et le rodéo lui-même débute à 14 heures mais je dois venir tôt : il y a toute de même un certain nombre de formalités pour entrer avec une caméra dans ce pénitencier de haute sécurité, 11.000 prisonniers et 5000 gardiens, chiffres à vérifier…

Longue route serpentant à l’ouest à travers des champs et beaucoup de forêts. On suit grosso modo le cours sinueux du Mississipi. Peu de maisons, encore assez luxueuses près de St Francisville, de plus en plus pauvres ensuite. Et, malgré tout, quelques églises de bois, plus ou moins neuves, surgies de nulle part.

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Soudain, un poste de garde entre des barbelés. La route se termine ici, pour le visiteur comme pour les prisonniers. Au-delà rien. Je m’annonce à la policière noire installée dans la guérite. Elle note mon nom, me délivre une pancarte à placer sous le pare-brise et m’envoie dans un petit parking à droite. On viendra me chercher, paraît-il. Ne connaissant pas les règles du lieu, je reste – très longtemps – dans ma belle Dodge de location. Tout le temps pour observer les environs. A droite, de hauts grillages surmontés de barbelés, un bâtiment modeste et inactif. Devant, des prairies où je devine du bétail – aberdeen angus – et, au-delà de quelques vagues vallons plantés d’arbres, une longue route menant à deux ou trois groupes de bâtiments à peine identifiables.

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Un homme s’approche de moi. Je dois me rendre à l’entrée presse. Deux kilomètres en ligne droite, une bifurcation à gauche le long d’une haute enceinte grillagée, puis une autre à droite. A gauche, les champs sont balisés pour le stationnement du public mais ne pourront sans doute pas être utilisés. Trop boueux. La pluie ne s’arrête que par brèves séquences.

Entrée presse. Elle servira aussi à une partie du public, plus tard. Un baraquement, portail gardé, panneau interdisant les boissons alcoolisées, les caméras, les appareils photo, les téléphones cellulaires et les armes. Les éventuels détenteurs sont priés de laisser tout ça au vestiaire.

L’homme qui m’attend me pose quelques questions, pour qui et pourquoi je suis venu ici, etc. Il me fait signer l’engagement de ne pas filmer les prisonniers de près sans leur autorisation écrite préalable. Je serai en permanence accompagné par une jeune femme pas très engageante, en uniforme. Elle est originaire du pays cajun mais vit dans la cité des gardiens, où sa mère officiait déjà. Elle ne parle pas français. Personne, d’ailleurs, ne le pratique dans cette région.

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Visite des stands où se bousculeront les acheteurs, tout à l’heure. La plupart des prisonniers sont déjà présents et astiquent leurs œuvres, tableaux kitch d’inspiration religieuse, rocking chairs, bibelots, bois gravé, fer forgé et même lourds et gros barbecues de métal soudé. Au début, je demande lesquels sont prisonniers et lesquels ne le sont pas. Réponse simple : les prisonniers doivent porter une chemise ou un T-shirt de couleur blanche, hormis les rodeomen, qui arborent une chemise aux rayures verticales noires et blanches, avec leur numéro dans le dos.

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Certains des prisonniers, considérés comme les plus sages, sont donc à proximité des objets qu’ils ont fabriquées, au contact du public avec qui ils peuvent parler, discuter la qualité et le prix. Mais d’autres, également vêtus de blanc mais sans doute un peu moins coopératifs, repoussés derrière un grillage. Eux aussi sont ici pour vendre leur production annuelle. Agrippés au treillis, ils doivent indiquer à distance leurs volontés à ceux de leurs camardes qui sont chargés, en zone « libre », de vendre leurs propres objets et ceux de leurs copains.

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Puis vient le rodéo.  Les deux seules épreuves tirées du rodéo professionnel sont le bareback riding (cheval sauvage à monter sans selle) et le bull riding (taureau brutal et revanchard). Mais il existe beaucoup d’autres épreuves dans lesquelles les prisonniers prennent des risques considérables pour empocher quelques centaines de dollars, qu’ils ne dépenseront jamais au dehors mais qu’ils pourront utiliser pour améliorer leur ordinaire, soutenir des actions de charité, offrir à leur église ou envoyer à leurs proches, s’ils en ont.

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Ce qui frappe ici, c’est qu’aucun de ces prisonniers ne quittera jamais le pénitencier. Condamnés à vie et peut-être même, pour certains, à mort. Toute leur existence se passera ici. Ils mourront ici, seront enterrés ici. Ce qui donne évidemment une tout autre intensité dramatique à cette fête et permet sans doute de comprendre pourquoi ils acceptent de se livrer, dans la boue de la piste, à des exercices aussi périlleux que cette table posée dans la terre meuble de l’arène et autour de laquelle quatre d’entre eux prennent place, assis sur une chaise de jardin. Ils devront y rester, immobiles, lorsque l’un des taureaux sauvages sera lâché de son box et foncera sur le groupe, renversant, piétinant, encornant un à un les « joueurs ». Le dernier à rester en place gagnera une poignée de dollars.

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Plus pathétique encore, bien que moins périlleuse, cette épreuve où un prisonnier, montant un cheval sans selle, doit venir au secours d’un de ses camarades juché sur un tonneau métallique. Le cavalier, sans éperons, s’approche tant bien que mal, tourne autour du tonneau. L’homme tente de monter sur le cheval. Il tombe, remonte aussitôt sur le tonneau, essaie encore, réussit enfin. Commence alors une fuite éperdue vers une des issues de la piste. Certains chutent, d’autres se cramponnent et finissent par quitter cet enclos figurant leur prison. Mais ils n’iront pas plus loin. Ils ont réussi à tenir en selle mais pas à fuir la prison… L’inventeur de cette épreuve devait être un rien sadique.

Lundi 12 octobre

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Au matin, retour à Angola. J’avais initialement demandé à pouvoir assister au travail quotidien des prisonniers mais je renonce. Je veux en revanche voir le musée de la prison. Surprise : outre la caissière blanche, un homme noir, vêtu de blanc, s’occupe du nettoyage.  Sur un acquiescement de la dame, il m’amène au fond du musée, ouvre un placard, en extrait ses œuvres : de boîtes et des chaussons multicolores faits de petits carrés de papier brillant provenant d’emballages de paquets de cigarettes, consciencieusement découpés et tissés. Le travail de mois et de mois. Je propose de lui acheter une paire de chaussons mais il n’est pas autorisé à empocher de l’argent. J’enverrai les 35 dollars sous enveloppe à sa sœur, à Bâton-Rouge.

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Traversée du Mississipi sur le bac de St Francisville, le dernier passage avant Natchez, en amont. Lente progression dans des paysages de bocage. Au nord du fleuve régnait le coton. Ici apparaissent les premiers champs de canne à sucre. Quelques bayous étroits aussi, où doit se pratiquer la pêche, à en juger par les barques et les nasses grillagées.

Du mardi 13 au vendredi 16 octobre

Lafayette. Que de rencontres, en particulier avec un homme pourtant célèbre ici mais dont personne n’avait songé à me parler,  Warren Perrin.

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C’est le prisonnier noir du musée d’Angola qui me l’a présenté comme un des héros de la Louisiane. Rendez-vous à son cabinet d’avocats d’affaires, Rue la France. Perrin, c’est le juriste qui, se basant sur les traités successifs et le droit international, a réussi à faire plier la reine d’Angleterre et à obtenir du Royaume-Uni des excuses écrites pour le tort fait aux Acadiens lors de l’injuste répression, de l’exil et du Grand Dérangement qui leur a été imposé.

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Jovial, curieux, précis, il me raconte les différents épisodes de ce long combat et m’offre son livre, traduction française d’une publication récente consacrée à Beausoleil Broussard, héros du Grand dérangement.

Notes de voyage 2007

Perrin Warren

Vidéos

Un peu d’histoire

Souvenirs de Louisiane

L’accordéon de Marc Savoy

Ecrevisses et beignets

Parler français

J’ai passé devant ta porte

Les excuses de la reine d’Angleterre

Audrey, Maudrey et le gumbo filé

Audrey et Maudrey font des chevrettes

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