04. Hommes et traditions

 

Deux siècles de nivellement français, les effets ajoutés de l’école, du service militaire, de l’admi­nistration, de l’automobile, de la consommation, de la télévision et du tourisme, pourraient avoir fait de la Provence une région banale, désincar­née, désenchantée. Le spectacle désolant de l’au­toroute Aix-Marseille un dimanche soir ou des foules béates se pressant dans les supermarchés des périphéries confirmerait cette déduction. Et pourtant…

Pourtant la Provence fut et reste un pays de tradi­tions. Dans l’art de vivre en famille, de concevoir la maison, de participer à la vie du village, de se servir d’un langage différent et d’appêter des mets à nul autre pareils. Les noëls provençaux, leurs santons, leurs crèches et leurs pastorales n’ont pas disparu. Les bravades et les carnavals continuent de déchaîner l’allégresse. Les cartes et la pétanque sont toujours les jeux de prédilection. La course à la cocarde dépasse de beaucoup les frontières de la seule Camargue. Et les conteurs, s’ils préfèrent désormais l’ombre complice des cafés à la chaleur révolue des veillées, n’ont oublié ni les légendes ni la galéjade.

C’est pourquoi on vit encore en Provence comme nulle part ailleurs. Dernier sursaut d’une tradition dépassée et condamnée? Pas sûr. Certes, nombre de pratiques ont disparu, particulièrement en ce qui touche à la religion. Mais d’autres se sont maintenues, d’autres encore connaissent une seconde jeunesse après un long oubli. Certaines même, récentes, ont si bien pris la saveur proven­çale qu’elles relaient les plus anciennes.

Nous évoquerons ici les traditions les plus répan­dues, en suivant un double fil chronologique, celui de la vie de l’homme, de la naissance à la mort, et celui de l’année, des premiers bourgeons à la Noël. Nous évoquerons au passé les habitudes révolues, au présent les pratiques vivaces.

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