Frédéric Mistral est né à Maillane, dans ce qu’on appelle la Petite Crau. Mais c’est dans la Grande Crau, cette immensité caillouteuse de trente mille hectares, qu’il situe le récit de Mireille. Voilà qui explique sans doute la présence de vignes, d’oliviers, de mûriers et d’amandiers à proximité du mas des Micocoules où demeure son héroïne, Mireille.
L’extraordinaire puissance du texte mistralien tient à la rencontre d’un argument classique, l’histoire d’un amour total et impossible, avec la précision et l’enchantement des descriptions de la nature provençale et de ses travaux.
Composé de douze chants, en strophes de sept vers, le poème met en scène Vincent et son père, maître Ambroise, vanniers de Vallabrègues, arrivant au mas des Micocoules pour y proposer leur ouvrage. – «Ah, en dois-tu voir dans tes courses, des châteaux antiques, des lieux sauvages, des endroits, des fêtes, des pardons! Nous, ne sortons jamais de notre colombier.» Pour Mireille la recluse, Vincent représente d’abord la liberté. Puis naît l’amour, au rythme des allègres travaux champêtres.
Mireille repousse trois riches prétendants. L’un d’eux, Ourrias, blesse traîtreusement Vincent au cours d’une rixe. Seule, l’intervention d’une sorcière consultée par Mireille permet de sauver le jeune homme. Mireille, dès lors, se sent indissolublement liée à lui. Maître Ambroise, chargé d’obtenir auprès du père de Mireille la main de la jeune fille, est chassé comme un galapiat. Mireille décide alors de se rendre, seule, aux Saintes-Maries-de-la-Mer pour invoquer conseil et protection. Mais, épuisée, malade, elle mourra au ternie du voyage, dans les bras de Vincent qui l’a rejointe, et au milieu de cantiques tels qu’en entonnent les fidèles lors des pèlerinages.