03 Une année à Quilchena

 

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Le ranch de Quilchena existe depuis 120 ans et compte 25.000  hectares, 4000 bovins et 80 chevaux. I1 est resté très traditionnel mais, bien sûr, on n’exploite plus un tel domaine aujourd’hui comme au siècle dernier.

Ce sont surtout les méthodes de l’agriculture, essentiellement destinées à produire en été du foin pour l’hiver, qui ont changé. Aujourd’hui, d’immenses machines aux allures d’aspirateurs géants ramassent l’herbe d’alfalfa qui pousse dans les 400 hectares de plaine irriguée, derrière le ranch. Ces achines fabriquent des bottes de foin de plus de deux tonnes chacune, qui restent en plein champ jusqu’à l’hiver et qu’on emporte alors dans les pâturages de basse altitude, où a été concentré le bétail. Aujourd’hui, on préfère cette solution à celle consistant à laisser les bêtes trouver elles-mêmes l’herbe sous la neige, ce qui entraîne trop de pertes.

Il y a au ranch deux groupes bien distincts, qui ne se rencontrent guère: les agriculteurs, qui conduisent ces immenses machines et produisent le foin ; et les cow-boys, qui suivent et surveillent le bétail, effectuant chaque jour à cheval de longues tournées d’inspection dans les différents secteurs du ranch, secteurs de plusieurs centaines d’hectares chacun, séparés par des clôtures, et où se trouvent, séparément ou ensemble selon la saison et les nécessités, vaches, génisses et taureaux. En été, les taureaux sont laissés en liberté avec les vaches, dans les collines hautes. Un taureau pour 20 vaches. Insémination naturelle.

Début novembre, les bêtes de 18 mois, pesant environ 400 kilos, sont amenées dans la vallée et vendues aux enchères. Un millier de têtes en moins d’une demi-journée, par lots que s’arrachaient naguère les acheteurs venus des provinces voisines et des Etats-Unis, sous la houlette d’un commissaire-priseur désigné par l’association régionale des fermiers. Aujourd’hui, les animaux sont  proposés, de manière tristement impersonnelle, aux acheteurs réunis à distance sur internet.

Toujours en novembre, les veaux de l’année sont séparés de leurs mères, en altitude. Ils descendront les premiers, suivis des mères début de décembre. C’est à ce moment que le sort des mères est décidé. Si leur veau a bien grandi, elles sont autorisées à recommencer la saison suivante. Sinon, elles vont à l’abattoir.

La descente est longue de près de 100km, effectués à pied, c’est à dire à cheval, en trois jours, pour partie en pleine nature et pour partie sur une route non asphaltée.

Pendant l’hiver, premier lasso pour les poulains de 6 à 8 mois. En 40 minutes, tenus au lasso par un cavalier, ils acceptent le contact. L’homme les flatte brièvement sur le front, puis les relâche. Il les récupèrera un an plus tard pour le début du dressage proprement dit. Le cheval se souviendra alors de ce moment et saura qu’il vaut mieux ne pas résister à son maître.

En février, naissance des veaux. Pour les mères qui en sont à leur première naissance, surveillance constante, jour et nuit. La naissance est parfois difficile, les mères ne sachant pas comment venir en aide à leur premier veau. Pour les autres, celles qui en sont à leur deuxième, troisième ou quatrième veau, les naissances se font en pleine nature, sans surveillance particulière.

A mi-avril, on asperge mères et veaux pour les protéger des tiques. L’aspersion est efficace pendant 3 à 4 semaines et couvre la durée pendant lesquelles les parasites sont dangereux. Ensuite, une ou deux semaines plus tard, commence le marquage, un des temps forts de la vie au ranch.

– Qu’est-ce qui a changé en une génération ?

– Pas grand-chose, répond Guy Rose, le propriétaire du ranch. Tout continue pratiquement à se faire comme autrefois. Nous restons une des rares régions où l’insémination se fait de manière naturelle. Pourtant, deux choses ont changé. D’abord et surtout le fait que nous puissions aujourd’hui emmener nos chevaux de travail à bord de camionnettes, jusqu’au lieu où nous avons besoin d’eux. Lorsque j’étais plus jeune, nous partions tôt le matin, sur nos chevaux, et nous n’arrivions qu’après plusieurs heures sur le lieu de travail. Nous avions perdu un temps précieux et nos chevaux étaient fatigués avant même d’avoir commencé à faire quelque chose d’utile.

Ce qui a a changé aussi, c’est le confort quotidien des cowboys. Autrefois, il y avait certes des postes avancés, dans les collines. Mais ces postes étaient fixes et, pour suivre le troupeau, les cowboys partaient avec une vague toile de tente et des ustensiles précaires pour faire la cuisine. Aujourd’hui, nous amenons sur place des caravanes complètement équipées pour la cuisine (électricité, gaz, eau potable, hygiène). Ces caravanes suivent les déplacements des troupeaux et des cowboys. Le confort est nettement plus grand.

Tout cela fait que, dans un ranch comme les nôtre, les cowboys peuvent la plupart du temps rentrer le soir chez eux, auprès de leur femme et leurs enfants. C’est seulement au coeur de l’été, lorsque les troupeaux se trouvent dans les montagnes, que les cowboys doivent, pour raison d’éloignement et d’absence de clôtures, rester sur place pendant toute la semaine, ne rentrant chez eux que le week-end.

Ferrade à Quilchena

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La ferrade de Quilchena se fait en altitude, à plus de vingt kilomètres du ranch. C’est là qu’il faut amener les veaux, en ayant pris bien soin de ne pas les séparer de leur mère, de crainte qu’ils ne puissent ensuite, seuls, pourvoir à leur nourriture ou se défendre contre les prédateurs. Dans un premiers temps, après avoir regroupé vaches et veaux dans une prairie de moyenne altitude, les cowboys doivent former un troupeau dans lequel ils soient certains qu’à chaque veau correspond une mère. Trois cavaliers forment une ligne-frontière, au-delà de laquelle peuvent uniquement avancer les couples formés par la mère et son veau, couples que Larry, cavalier tout de noir vêtu, est allé, identifier et extraire du troupeau initial.      Je suis quatre autres des cow-boys à l’arrière. Mon travail consiste à contenir le troupeau et à courir aux trousses des animaux, surtout des veaux, qui essaient de s’échapper. Whisky, cheval bai de neuf ans que m’a confié Mike Rose, le fils de Guy, est tellement habitué à ce travail   que e je n’ai pratiquement pas à lui donner d’indications. Autant j’ai du mal à le faire bouger lorsque rien ne se passe, autant il suffit d’un mouvement du bétail pour qu’il démarre, avant même mon ordre, dès qu’il voit un veau s’échapper.

Il sait alors très bien comment le ramener avec les autres, d’abord en partant au large, au grand galop, puis en se rabattant sur lui dès que celui-ci a décelé sa présence. Whisky adore ça, de même qu’il adore aller de gauche à droite, rapidement, face à un groupe de veaux ou de mères tentant de fuir.

Après ce premier tri, poussons vaches et veaux sur une dizaine de kilomètres, dévalant le flanc graveleux d’une falaise, franchissant un pont de bois dont les chevaux se méfient plus que les bovins. Commence alors, lente, la montée vers les crêtes. Il se fait tard, la journée se termine et la pluie menace. Nous enfermons les bêtes dans une prairie à flanc de coteau et reviendrons demain pour les amener jusqu’au lieu de la ferrade.

8h30, le lendemain matin. Voilà plus de quatre heures que les cowboys se sont réveillés et plus de trois qu’ils sont à cheval, à pousser le troupeau de la veille jusqu’au corral d’altitude où les attend Mike, qui s’y est rendu en camionnette pour apporter le matériel nécessaire à la ferrade. Nombre de ranches de la région continuent à faire rougir les fers dans un feu de braises. A Quilchena, on préfère le gaz. Mike allume le bec et le détache d’abord de l’ensemble pour que la flamme réchauffe… le café.I1 fait froid et, 1orsqu’ i1s arriveront, les autres cowboys prendront le temps d’une pause avant de passer à l’action. Peu à peu montent de la vallée les premiers meuglements des vaches, les premiers cris yodlés des cowboys. Tout à coup, les premières silhouettes apparaissent au creux du vallon. 80 vaches et autant de veaux de deux mois, que poussent à cheval Larry et trois de ses hommes. Les bêtes entrent en meuglant dans le corral. Les fers sont rouges. Coop et Rick sont en selle, à 1’intérieur du corral. Larry a préparé son couteau. Le vieil Indien tient en main l’instrument qui servira à décorner 1 e veaux . Dawn, l’unique femme du groupe, manipule la seringue, un autre 1 ‘appareil à implants. Le lasso de Coop remonte dans les pattes arrière d’un veau fauve et blanc. Il le tire vers le centre du corral. Un autre lasso vient passer autour des pattes avant. Les deux cavaliers tirent, chacun dans un sens. Le veau est déséquilibré. Deux jeunes Indiens le maintiennent à terre. Larry découvre les testicules, les effile puis tranche. Il découpe ensuite en demi-pastille un rond de la joue droite, entaille l’oreille, met un peu de poudre cicatrisante sur les deux plaies sanguinolentes laissées par le couteau du décorneur. Dawn pique. Pendant ce temps, le fer en « R » renversé de Mike s’est posé, précis, sur la fesse droite. Fumée, odeur de roussi. Mike retire le fer. La marque est nette. Ni trop forte, pour ne pas blesser, ni trop faible, parce qu’elle devra rester visible pendant au moins un an, s’il s’agit d’un mâle destiné la boucherie, et même une dizaine d’années, s’il s’agit d’une femelle promise à plusieurs maternités.

Le Camp des Framboises

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Raspberry Camp. Le Camp des Framboises. Construit en planches, le toit recouvert de bardeau, le dortoir doit avoir une bonne trentaine d’années. A l’intérieur, plancher grossier, vieux poêle à bois au centre, à côté d’une table sommaire, entourée de deux bancs, eux aussi de bois brut et ancien. Odeur de cuir et de suint, que renforcera l’arrivée des cow-boys, de leurs bottes crottées, de leurs selles mouillées. Entre les fenêtres, des châlits superposés, le niveau supérieur- étant destiné à accueillir les bagages. Au mur, trois rayonnages sommaires et des bouteilles – vides – de Canadian Club, Drambuie, Tequila,  Glenfiddich, une douzaines de numéros du Western Horseman, une boîte d’aspirine, une poignée de livres de poche. Des clous un peu partout, supportant des brides, bridons, sous-ventrières, muserolles, sacs, éperons, lassos, chaps, étriers, ainsi que quelques chemises claires et, brodées, amoureusement disposées sur leur cintre, en prévision de la sortie du dimanche.

Arrivée de deux nouveaux. Ils inspectent les selles, avec l’espoir d’y reconnaître les effets d’un compagnon de 1’année précédente. Les parois de bois sont émaillées d’inscriptions au couteau. Des noms et des dates, surtout. « Kim Lamont 87 ». « Ulrich 74-77 ». « John Andersson 66″. J.R.B. 84 ». Un habitué a inscrit ses initiales « NE » au fer rouge ainsi que les années de sa présence, 82, 86, 87, 88. Sa marque se retrouve sur une espèce de rockin’chair  faite d’un segment de tronc en guise de base, de deux planches pour l’assise et le dossier, et d’un demi rondin pour l’appuie-tête.

Le « cookhouse », la cuisine-cantine, se trouve à une dizaine de mètres du dortoir. Entre les deux lieux, un tas de bois que les cowboys, après leurs heures à cheval, sont priés de couper pour la cuisinière, Calla, une jeune femme ronde et décidée, aux lointaines origines gréco-norvégiennes.

Dans le cookhouse, la grande table recouverte de formica peut accueillir ensemble une vingtaine de cowboys. Nous avons aidé Calla à rentrer l’essentiel des provisions apportées le matin par la camionnette 4X4 du ranch: lait en cartons, oeufs, pommes de terre, fruits de Californie ou de l’Okenagan Valley, boites de conserves provenant exclusivement de chez Woodward, une des plus importantes chaînes de magasins du Canada, et dont le propriétaire, « Chunky » pour les intimes, possède aussi le Douglas Lake Ranch, le plus grand ranch du pays.

Par vagues successives, en fin d’après-midi, le dortoir s’est empli de cowboys. Avec du bois à peine sec et du pétrole, l’un d’entre eux a allumé le poêle et y a déposé un baquet émailé contenant de 1’eau brunâtre prise à la rivière. Un autre a suspendu sa canadienne au-dessus, accrochée à un cintre. Le feu est surtout destiné à faire sécher les vêtements et les couvertons de selles, et à permettre une toilette limitée mais exigeante.

Ensuite sont arrivés deux camionnettes venues de la vallée. Outre des outils (marteux, fourches, haches, fers à cheval, ils apportaient les sacs des cow-boys contenant toute leur fortune. Qu’ils soient employés à 1’année ou engagés pour la saison, tout est là, dans un immense sac de toile bleue ou crème, dont les larges poignées de tissu permettent de le porter, soit à la main, soit à dos. Ils contiennent le couchage (sac ou drap, couvertures), des vêtements et bottes de rechange, quelques objets personnels, des livres. Celui que les autres « Surnomment « Woodtique », « Tique des bois », et dont la spécialité consiste, après son travail, à peindre de splendides aquarelles, a niché dans son sac une espèce de fusil mitrailleur …

Les nouveaux arrivés se confectionnent, avec un bout de poteau et quatre pieds, un support pour leur selle, qui prendra également place dans le dortoir, ainsi que le chien blanc de l’un d’entre eux. Individualisme jaloux. Même si tous se lèvent peu ou prou à la même heure, chacun a apporté son réveil et le place sur un vague tabouret à côté de lui. Chaque fois où cela n’est pas strictement nécessaire au travail collectif, chacun protège sa sphère et, à l’inverse, s’interdit d’entrer dans celle de l’autre. Ainsi protégeront-ils un peu de ce qui fait le mythe du cowboy et qui leur a sans doute fait choisir ce métier: la liberté.

Repas vers 18h30, en deux fournées. Comme au temps des pistes et des « chuckwagoons » qui accompagnaient les premiers conquérants, la cuisine est un élément essentiel de la cohésion du groupe et de son efficacité. On parle peu à table. Terry, le cow­boss, préside. Un fermier de Douglas Lake, occupé dans un champ voisin, est venu à moto et mange avec les autres.

Après le repas, tandis que la lumière baisse lentement, c’est le moment de la détente. Samedi et dimanche, il y aura un rodéo dans la réserve indienne qui jouxte le ranch. Certains y prendront sans doute part mais ne le disent pas. La plupart des cowboys adorent le rodéo, même s’ils n’en sont que les spectateurs ou si, participants, ils ne brillent pas toujours du même éclat que les « macadam cowboys ». Mais ils affectent de considérer cette pratique comme indigne d’eux. Pleine lune. Pas de volets ni de rideaux. Le dortoir reste assez clair. Pas de ronflements; à peine quelques soupirs à la fin de rêves indicibles.

5h.15. Premiers réveils. Seuls trois chevaux sont restés retenus dans le corral voisin. Il y en a une bonne centaine dans les environs. Trois premiers cavaliers sellent les trois chevaux et partent au galop, chacun dans une direction différente, à la recherche des autres montures.

Pendant ce temps, les autres cowboys se lèvent, font leur toilette, s’habillent. Alors, poussés par chacun des trois cavaliers, trois groupes de chevaux entrent sans rechigner dans le corral. Six autres cowboys 1es rejoignent à pied, 1asso à 1a main. Ils vont choisir les chevaux pour la journée. Les leurs d’abord, ou plutôt ceux qu’ils se sont attribués, puisque les chevaux sont tous propriété du ranch  alors que les selles sont , sauf exception, propriété des cowboys. Terrv explique aux nouveau venue les caractéristiques des animaux qui leur sont attribués. En général, chaque cowboy jette son dévolu sur trois chevaux différents. Chacun fait un jour de travail et se repose deux jours. Le cowboy, lui, travaille cinq jours par semaine, et parfois aussi le samedi et le dimanche lorsque les circonstances l’exigent.

Vers 6h30, tous les chevaux sont sellés et attachés à proximité du cookhouse. C’est l’heure du petit déjeuner. Silence presque total mais pas imposé. Chacun pense. Les grandes gueules n’ont pas la cote chez les cowboys. Quand on doit passer ensemble près de six mois dans un camp fait de trois maisonnettes de bois, on regarde à deux fois avant de jouer au fanfaron.

Jackpot Rodeo

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Un dimanche de juillet à Quilchena, Colombie Britannique. Le chef de la tribu indienne sur les terres de laquelle se trouve la modeste arène aux gradins de planche organise, comme chaque été, un Jackpot Rodéo, ouvert aux Blancs comme aux Indiens. Jackpot Rodeo, cela signifie que, dans chaque épreuve, les trois premiers classés emportent les mises payées au moment de l’inscription par leurs concurrents malheureux. Les organisateurs, eux, ne rajoutent pas le plus petit dollar à cette somme, les autres recettes leur permettant à peine de couvrir les frais d’organisation. Dans les grands rodéos de Calgary ou de Cheyenne, les organisateurs, qui empochent des sommes considérables grâce aux dizaines de milliers de spectateurs et au soutien publicitaire de nombreuses compagnies, peuvent se permettre d’ajouter aux « Entry Fees » des concurrents des primes de plusieurs milliers, voire plusieurs dizaines de milliers de dollars. Dans les petits rodéos de campagne, même les gagnants risquent de repartir avec moins d’argent que ne leur en a coûté le déplacement.

Quilchena n’est ni Cheyenne, ni Calgary. En langage indien, Quilchena signifie « lieu où poussent les saules ». C’est vrai qu’à Quilchena, il y a certainement plus de saules que d’habitants. Ici, dans l’extrême ouest du Canada, au-delà des Montagnes Rocheuses, dans une région encore montagneuse et vallonnée proche de la frontière américaine, la population doit être d’un ou deux habitants et de deux ou trois bovins au kilomètre-carré.

Les quelques maisons de Quilchena se trouvent un peu plus au nord-est, au bord du lac, à l’embouchure de la rivière Nicola, dans la réserve indienne numéro 1 appartenant à la tribu des Spahomin, dont une autre partie vit à  l’extrémité ouest du Lac Douglas. Ici, quinze maisons, une plage de galets où viennent se baigner quelques citadins de la grande ville Vancouver, éloignée de plus de 200 kilomètres, une église récente faite de rondins massifs et, dans l’année, trois petits rodéos, dont ce Jackpot Rodeo.

Des Jackpot Rodeos, il y en a des milliers, un peu partout dans l’Ouest américain. L’intérêt de celui-ci est qu’il se déroule à l’intérieur d’une réserve indienne, qu’il soit organisé par les Indiens mais que les cow-boys des environs puissent y participer. A noter que, dans la région, les rapports entre Indiens et Blancs semblent bons. Au Quilchena Ranch, l’ancien cowboss de sang indien avait sous ses ordres des cowboys blancs. Sa fille a épousé un Blanc, Larry, descendant d’immigrants scandinaves.

Bons rapports, aujourd’hui, entre Indiens et Blancs. Mais cela n’a sans doute pas toujours été le cas. La violence ne se traduisait généralement pas par l’usage des armes mais plutôt par l’imposition aux « colonisés » des habitudes et des règles en vigueur parmi les « colons ». Pour ces derniers, un Indien ne méritait quelque respect que pour autant qu’il adopte la religion et même, le plus souvent, le patronyme des conquérants. A preuve la messe à laquelle nous avons assisté ce dimanche matin. Les fidèles, nombreux, étaient indiens. Le prêtre, lui, était d’origine polonaise. A preuve aussi les patronymes des concurrents du rodéo, pourtant ma j o r i t a i rement indiens: Mason, McDougall, Jefferson, et aussi leurs prénoms John, Bill, Joe mais bien sûr, dès qu’ils seront entrés sur la piste, il sera facile, à leur démarche, à leur teint, à la couleur de leurs cheveux, et à un certain comportement à la fois plus vif et plus nonchalant, de les différencier au premier coup d’œil des rodeomen blancs.

 

Une réflexion sur « 03 Une année à Quilchena »

  1. Ce reportage temoigne d’une experience vecue. Cela n’est possible qu’en s’impliquant a fond dans la viequotidienne d’un ranch. En ce qui me concerne, c’est la seule facon de fairre un reportage de ce genre ! Le reste des chapitres sur la conquete de l’ouest, les cowboys et le rodeo sont tres informatifs car traites en profondeur avec le soucis du detail. Etant un passionne de l’ouest americain depuis l’enfance (j’etais un de ceux qui jouaient aux « coboille et aux indiens), j’y ai meme appris que le Pony Express puisait ses racines dans la performance d’un cavalier francais en 1853. Par ailleurs, j’ai trouve fabuleux la possibilite d’ecouter vos commentaires et interviews recoltes pendant votre sejour en Argentine, La narration et l’elocution sont d’une grande qualite. Les descriptions sont detaillees mais jamais ennuyantes, et vivantes,comme si on y etait., meme s’il y a 43 ans ! Merci pour ce beau voyage!

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