07. L’arrière-pays provençal

 

A l’est de la Durance, c’est le début d’une autre Provence. Les reliefs, qui n’étaient jusque-là que des accidents, deviennent monnaie courante et, plus on se rapproche de la frontière italienne, plus s’affirme le caractère alpin des chaînes et des vallées. L’eau se fait rare. La vie humaine aussi.

Cet arrière-pays, qui commence au sud, à quel­ques dizaines de kilomètres de la Méditerranée, dès les contreforts des Maures, de l’Esterel ou du Tanneron, est plus rude, plus démesuré. Plus cha­leureux, aussi, parfois, même si les hommes n’ont guère eu le temps, entre les invasions sarrasines, les hivers trop longs, les étés trop secs, les pâtura­ges trop rares, les distances trop grandes, les chemins trop accidentés, d’acquérir cette culture humaniste propre à la Provence rhodanienne et au Comtat Venaissin.

Certes, entre les Maures et les premiers contre­forts alpestres, se déroule une large étendue peu accidentée, où l’eau ne fait pas trop défaut, c’est le domaine des Côtes-de-Provence, appellation con­trôlée de vins blancs, rosés ou rouges, gorgés de soleil mais de qualité encore irrégulière. Puis, à mesure que se profilent les collines, chêne-liège et lavande prennent la relève. Ensuite, lorsque l’alti­tude dépasse les mille mètres, commencent les pâturages où s’égaillent en été les troupeaux trans­humants. Vie de nomades que celle des bergers, même si le transport des moutons, du moins jusqu’au pied de la montagne, se fait désormais en camions.

Les retenues hydroélectriques ou d’irrigation, construites au fil des rares rivières, ont créé des sites plus accueillants au tourisme. Quelques cités d’art, comme Moustiers-Ste-Marie, constituent des centres d’intérêt pour le visiteur. La nature elle-même n’a pas lésiné sur le grandiose, à preuve les gorges du Verdon ou de Daluis, les sommets du Mercantour.

Pourtant, depuis le début de ce siècle, ces régions ne cessent de se dépeupler. Comment comparer en effet les maigres revenus du berger, de l’apicul­teur, du distillateur de lavande, du potier, avec ceux que peut espérer le plus modeste fonction­naire dans une grande ville. Seuls, les hommes les plus attachés à la terre et aux lieux se sont accro­chés. Ils sont aujourd’hui rejoints par des citadins déçus par l’artificielle futilité de leur existence.

Ces nouveaux venus ne résistent pas tous à la solitude, aux hivers, à la tâche. Mais du moins réapprennent-ils quelques-unes des vérités éternel­les que nous enseignent ces pays de caillasses, d’herbes odoriférantes, de sécheresse, de lumière et de paix.

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