Galway

Dia014.0010050

A l’angle de Eire Square, la place centrale, des gosses rouquins, la morve au nez, se relaient pour faire la mendicité, une vague rengaine en mémoire, la sébile à la main. Ce sont des Tinkers, qui vivent comme des Tziganes, mais sont en fait des Irlandais poussés au nomadisme par l’Histoire et ses drames, la grande terreur au temps de Cromwell, la grande famine au XIXè siècle, lorsque le mildiou fit disparaître pour longtemps la seule nourriture d’alors, la pomme de terre.

Aujourd’hui, on vit en Irlande. Mal si on en juge par les statistiques et le pouvoir d’achat, plutôt bien à en croire l’ambiance, la chaleur et la fraternité de chaque pub ou de chaque réunion de musiciens amateurs. C’est que l’Irlande, même si elle fait désormais partie du Marché Commun, ne s’est pas encore mise à l’heure du métro boulot dodo.

Sur Eire Square, aux heures de pointe, les autos s’embouchonnent mais, à vingt kilomètres de là, dans la baie, sur les Iles d’Aran, le temps ne compte toujours pas. Dieu l’a créé, affirme le dicton, et il en a créé suffisamment.

Dans sa cuisine, unique pièce de la maisonnette chapeautée de chaume, un vieil homme se saisit avec précautionde sa seule richesse ici-bas, sa flûte. Il se nomme Miko Russell. Poète, buveur, croyant, égrillard, philosophe, solitaire, superstitieux et négligé. Comme tous les Irlandais. Ou presque.

Cette Irlande-là est aujourd’hui le refuge d’autres Celtes, des Bretons. Du moins ceux qui, comme Hervé Mahé, ne veulent pas se laisser manger à la sauce de l’uniformisation européenne, du progrès, du fric et de la promotion sociale.

L’Irlande est sans doute un des derniers pays du monde où, à l’ère de l’automobile et de l’aviation triomphantes, on assiste encore parfois au simple rendez-vous d’amour d’un cheval et d’un bateau.

 

Laissez un commentaire. Merci.