h. Marius, Fanny et César

 

Né à Aubagne, Marcel Pagnol fut tout d’abord professeur d’anglais, un métier qu’il n’abandonna qu’après ses débuts d’auteur dramatique et dont il se moqua gentiment dans «Topaze», l’une de ses premières pièces. Mais ce qui allait propulser Pagnol au faîte de la gloire, c’est d’abord sa trilo­gie, «Marius», «Fanny» et «César». Tableau trucu­lent du petit peuple marseillais, ces trois pièces de théâtre étaient basées, selon Pagnol, sur le thème classique de la jeune fille que se disputent un jeune homme et un barbon, dans la lignée de Molière ou de Beaumarchais. Que la pièce se soit portée sur le duel entre le père et le fils (César et Marius) plutôt qu’entre le jeune homme et le bar­bon (Marius et Panisse), voilà que Pagnol n’avait pas prévu. C’est que César fut interprété par l’extraordinaire comédien qu’était Raimu. Tout l’équilibre de la trilogie en fut à jamais modifié.

Mais la force de Pagnol était de vivre avec son temps. Un soir de 1929, son ami Pierre Blanchar lui raconta l’incroyable: il venait de voir à Londres un film parlant. Pagnol s’embarqua immédiate­ment pour aller se convaincre de la réalité de cette fabuleuse révolution et, aussitôt, il sut qu’il vivait les premiers jours d’une ère nouvelle, où toutes les audaces seraient permises à l’auteur dramati­que qui saurait se servir de cette technique. Ce n’est donc pas par hasard que «Marius», après avoir obtenu un triomphe au théâtre, fut presque aussitôt porté à l’écran par Alexandre Korda, avec l’accord et la collaboration de Pagnol. Les rôles de Marius, Fanny, César, Panisse et Monsieur Brun devenaient dès lors indissociables de leurs inter­prètes, Pierre Fresnay, Orane Demazis, Raimu, Charpin et Robert Vattier. La fameuse «partie de cartes» fut un triple succès, sur scène, à l’écran et sur disque. Aujourd’hui, il serait impossible à quelque joueur de cartes que ce soit d’affirmer à son adversaire

– Tu me fends le cœur..

sans que celui-ci n’y trouve l’indice d’une tricherie!

Trente ans après la trilogie, et après avoir adapté au cinéma plusieurs œuvres de Giono, Marcel Pagnol devait renouer avec le succès en publiant ses souvenirs d’enfance et de jeunesse, «La Gloire de mon père, Le Château de ma mère, Le Temps des secrets».

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