13. Tu sauras ce que j’ai promis de te dire

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CHAPITRE XIII

En accord avec Omrane, El Tayeb, piquant directement sur l’oasis que l’orientation des recherches rapprochait sensiblement, annoncerait la bonne nouvelle tandis que l’équipe, ralliant directement le camp de base, y bivouaquerait mais le quitterait très tôt le matin en emportant le surplus des réserves déposées par El Faleh.

Avertis, les gens de l’oasis, tout en préparant fiévreusement la réception réservée à l’équipe victorieuse, guettaient dans le lointain son arrivée que la poussière de sable, soulevée par l’allure forcée imposée aux montures, annoncerait la première.

C’est au son des flûtes, des trompettes, au battement des tambours, dans le tumulte et l’allégresse, que les héros du jour furent accueillis et conduits en grande pompe auprès du comité des sages dont la réserve austère cachait mal fierté et émotion.

Tard dans la nuit, ce ne furent que jeux, danses et feux de joie ou rôtissaient des viandes et multitudes de canouns, coiffés de leur bered, d’où partaient inlassablement les petits verres de thé parfumé.

Après avoir exprimé sa profonde gratitude aux sages, les priant de l’exprimer en son nom à tous les gens de l’oasis afin qu’ils sachent qu’en les quittant, il laissait tout ce que le Créateur a placé dans sa poitrine, Saïd s’était enfermé avec Abdelkhir. Seul Celui qui sait tout sait ce que les deux hommes ont pu se dire car les vrais échanges sont sans témoins.

Aux premières lueurs de l’aurore, après une dernière embrassade et les souhaits de retrouvailles dans ce monde ou dans les jardins de l’éternelle félicité, espérant y être admis par la justice de Celui qui est le seul depuis toujours et restera le Seul à jamais et après toutes choses, trois chameaux baraqués, prêts au départ attendaient. A côté, Omrane et le vieux guide, qui avaient sollicité la mission de conduire Saïd à la lointaine station de cars du littoral, desservant la ligne Tunis Le Caire, attendaient; en arrière, légèrement en retrait, le comité des sages, puis les hommes ayant pris une part active aux recherches et à la découverte du trésor.

Bientôt, obéissant au vigoureux zâa lancé par leur conducteur, les montures obéissantes se relevèrent dans un double mouvement d’avant arrière. Saïd prenait la route fixée par son destin.

« Si telle est Sa volonté, tu sauras ce que j’ai promis de te dire ». Cette ultime et énigmatique phrase de Saïd, la veille de sa mort, me revint en mémoire. Je me rappelai aussi l’étonnement des siens affirmant qu’il était mort en souriant.

Il ne voyait plus que la porte du paradis ouverte devant lui. Au-delà l’attendaient sa mère, le vieux mentor. Images imprécises. C’est à elles qu’allait son dernier sourire.

Retour en Tunisie…

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