Lorsqu’à la belle saison, les bûcherons d’une région forestière décident de faire la fête, ils se retrouvent dans une clairière et, avant de partager le repas de l’amitié, ils s’affrontent en des joutes où leur adresse, leur rapidité et leur force sont mises à l’épreuve. C’est à celui qui abattra le plus gros arbre et qui le fera tomber le plus vite, le plus près d’un point donné. Il y a chaque année, en Amérique ou en Europe, de telles fêtes, et personne n’en parle, pas plus qu’on ne parle des compétitions annuelles au cours desquelles s’affrontent les meilleurs boulangers, les meilleurs pêcheurs du pays. Simplement parce que manque aux métiers de bûcheron, de boulanger, de pêcheur, une dimension essentielle: le mythe.
C’est ce mythe qui, dans la seconde moitié du XIXè siècle, a soudain entouré d’une exceptionnelle aura le cowboy, ses travaux et ses exploits.
Pour certains, cette soudaine célébrité, qui ne s’est jamais démentie depuis lors, est inexplicable et injustifiée. Pour d’autres, elle trouve sa source dans la nostalgie que cette vie de liberté, de solitude, d’exigence et de loyauté provoqua dans l’esprit d’un peuple qui se tournait alors délibérément vers l’industrie et les activités citadines. Mais cela n’explique pas tout. Encore fallut-il que de réels exploits fussent réalisés. Sans doute l’époque fut-elle à cet égard favorable à l’éclosion du mythe.