De la Camargue à la frontière italienne, rares sont les baies, les golfes et, surtout, les plages douces et rectilignes. La côte provençale est une dentelle acérée, où la montagne tombe souvent de manière abrupte dans une mer généralement calme. Des calanques de la banlieue marseillaise à la corniche de la Riviera, en passant par le cap Sicié, les îles d’Hyères, les corniches des Maures et de l’Esterel, le cap Camarat, le cap d’Antibes et le cap Ferrat, la côte est découpée, agressive, mordante et majestueuse. Les ports et, plus récemment, les stations balnéaires, se sont installés au fond des golfes et des rares baies. Marseille, Cassis, Toulon, Saint-Tropez, Cannes, Nice, Monte-Carlo et Menton sont des villes sans arrière-pays, uniquement tournées vers la mer, celle des échanges ou celle des vacances.
A la différence de la Provence des collines, celle du littoral jouit d’un climat totalement méditerranéen, de températures stables, équilibrées par la masse maritime et partiellement à l’abri des vents froids tels que le mistral. C’est le royaume du pin parasol, des cigales, des palmiers et des orangers. La clémence des éléments, la beauté des sites et l’attrait de la mer font que, malgré l’âpreté du littoral, tous les sites où il était humainement possible d’implanter des habitations ont été utilisés. N’étaient quelques lieux (calanques, pointes, falaises ou suplombs), la côte provençale et particulièrement la côte d’Azur ne sont plus qu’un serpent de béton accroché à la roche ou enfoui au ventre des baies. Hélas, le goût du plaisir n’est pas toujours synonyme de sens esthétique. Il faut que la nature soit particulièrement grandiose pour nous faire oublier la médiocrité crasse de la plupart des implantations humaines.