b. Les «bories» des Ligures

 

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Nombre d’historiens ont voulu voir dans les Ligu­res les représentants d’un véritable empire qui aurait recouvert l’ensemble de l’Europe occiden­tale. On est bien revenu de cette théorie et il est sans doute plus sage de considérer que les Ligu­res, dont on observe l’organisation sociale et dont on retrouve certaines constructions 1000 ans av. J.-C., comme les descendants des autochtones chasseurs et, surtout, agriculteurs installés depuis plusieurs millénaires. Simplement, l’évolution des techniques – puis le mélange racial avec quelques poignées d’envahisseurs celtes – ont fait que ce peuple ligure n’est apparu qu’alors en tant qu’en­tité organisée.

«Leur pays est sauvage et aride, le sol est si pier­reux qu’on ne peut rien planter sans se heurter au rocher. Le travail pénible et les privations rendent la vie des Ligures difficile et leur font le corps maigre et sec. Les femmes doivent trimer comme les hommes… Les hommes compensent leur manque de blé par les produits de la chasse. Ils escaladent les montagnes comme des chèvres.» Ainsi a pu les décrire le géographe grec Posido­nios. Il n’empêche que, particulièrement après le métissage celte, les Ligures, désormais Celto­-Ligures, installent sur les hauteurs des fortifica­tions de pierres sèches – on en a conservé l’appel­lation latine «oppidum» – qui servent sans doute de point de repli dans les périodes troublées. De cette période datent aussi nombre de dolmens, ainsi que les «bories», cabanes voûtées de pierres plates empilées, qu’on a surtout retrouvées aux confins du Comtat Venaissin, particulièrement à Gordes.

Une cinquantaine de peuplades celto-ligures occupaient alors la Provence. Chacune possédait un roi et une dynastie. Les peuplades des mon­tagnes étaient isolées, celles des plaines et des collines de l’ouest s’étaient associées. La plus im­portante des trois confédérations était la confé­dération des Salyens, qui regroupait 17 peuplades entre Rhône et Var. Elle possédait dans la haute-vallée de l’Arc une véritable ville, Entremont, dont les vestiges récemment mis à jour couvrent plus de trois hectares. La religion, différente de toute autre, était tournée vers l’au-delà. Aux Baux, à Mouriès et, surtout, à Entremont, on a trouvé une étonnante statuaire, têtes coupées aux yeux clos, crânes percés d’un clou, défunts emportés par les griffes d’une bête infernale.

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