L’origine des taureaux et des chevaux de Camargue a donné lieu à de nombreuses hypothèses. Cependant, quelques quasi-certitudes peuvent aujourd’hui être avancées.
Il y a eu des bovins de race foncée, en Camargue, depuis la plus haute antiquité. Des ossements, retrouvés à proximité d’Arles, le montrent à l’évidence. Mais ces taureaux atteignaient presque 2 mètres, alors que la taille actuelle dépasse rarement 1 ni 30. Quelle dégénérescence, ou quel croisement, fut-il cause de cette évolution? Il est possible que se soient mêlés les sangs d’un auroch africain du quaternaire et d’une race bovine asiatique, dont la Camargue serait l’extension la plus occidentale. La forme de la tête, la «lyre» des cornes, semblent l’indiquer. Ce qui est sûr, c’est que le «biou» camarguais n’a rien à voir avec le taureau espagnol. Les croisements entre les deux races, beaucoup plus récents, sont en passe d’être abandonnés.
Le cheval Camargue, auquel certains avaient attribué des origines asiatiques ou africaines, est presque à coup sûr un descendant du cheval européen dit de Solutré, site de Saône et Loire où de nombreux ossements ont été retrouvés. Le squelette, les dimensions, la lourdeur de la tête, la robustesse des articulations, la largeur du sabot, le prouvent. Au quaternaire, la mer était beaucoup plus étendue et le cheval de Solutré vivait à proximité du littoral, dans les marécages. Il est vraisemblable qu’il ait suivi le recul des mers pour maintenir son biotope préféré, ce qui expliquerait sa présence dans les terres marécageuses de Camargue.
Bien avant que l’homme ait songé à faire du taureau sa nourriture, du cheval sa monture, ces animaux vivaient en liberté dans des zones qui englobaient la Camargue, mais aussi les régions marécageuses limitrophes, particulièrement le bas Languedoc.