Protecteur des fruits et des récoltes, saint Jean est très populaire en Provence. De plus, la Saint-Jean tombant le 24 juin, cette date marque habituellement le début des grandes chaleurs et, bien plus, elle coïncide avec le solstice d’été qui a été, de temps immémoriaux, l’occasion de festivités souvent plus païennes que religieuses.
Hommage à la nature, la Saint-Jean permet aux hommes de rendre grâce aux éléments. Le feu et l’eau y sont donc à l’honneur. Ainsi, il était de tradition, ce jour-là, d’ériger sur la place du village un pin coupé de longue date, ou un hucher, et d’enflammer le tout en présence des autorités. Rues et places étant désormais goudronnées, on n’allume plus de brasiers au centre des villages et, comme les incendies n’attendent qu’une étincelle pour ravager des hectares de garrigue éprouvée par la sécheresse de l’été, il n’a pas été possible de transporter ces feux de joie en pleine nature. Ils appartiennent donc au passé.
L’aspersion de l’eau était, à la Saint-Jean, un rite très répandu. Il a, lui aussi, disparu, sauf sur la côte où on jette encore, parfois, des badauds à la mer. Mais cela relève plus de la farce que de la pratique religieuse… Farce aussi, mais qui pourrait bien être l’héritière des aspersions d’antan, que l’habitude qu’ont les gosses, à la Saint-Jean, de gicler de l’eau, à l’aide de petits pistolets, sur les passants de tous âges. Et, lorsqu’on n’a pas de pistolet, un broc d’un ou deux litres, lâché de l’étage, fait parfaitement l’affaire…
Mais la tradition la mieux conservée concerne les herbes. Chacun, à la campagne, choisit le 24 juin de préférence à toute autre date pour aller cueillir le millepertuis, précisément appelé «herbe de la Saint-Jean» et dont les sommités, macérées dans l’huile d’olive, constituent un excellent vulnéraire, l’«oli rouge». C’est à la Saint-Jean aussi que les familles s’approvisionnent en thym, romarin, sauge, sarriette, laurier, tilleul. Leur arôme culmine, paraît-il, à cette date. C’est pourquoi on en trouve un grand choix sur les marchés locaux. A Marseille, un marché spécial était autrefois consacré aux herbes aromatiques. Il n’en reste qu’un savoureux marché à l’ail.