a. Marseille, une histoire unique

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Au fil des siècles, l’histoire de Marseille ne s’est que rarement confondue avec celle du reste de la Provence. C’est pourquoi il y a été peu fait allu­sion dans la partie historique du début de ce livre. Il est nomial que cette lacune soit ici brièvement comblée.

C’est en 600 av-J.-C. que quelques galères pho­céennes viennent s’abriter dans la grande crique qui constitue aujourd’hui le Vieux-Port. Sur la côte vivent des tribus ligures. La venue des marins grecs coïncide avec une grande fête que le roi ligure organise pour que sa fille, Gyptis, choisisse pour mari le guerrier ligure de son choix. Or, le chef des Phocéens est présent à la cérémonie et, lorsque Gyptis tend la coupe rituelle à l’homme qu’elle souhaite épouser, c’est le beau Protis qui la voit s’avancer vers lui.

Le mariage est célébré. Gyptis apporte en dot la colline qui domine la crique, et où se trouve aujourd’hui la basilique de N.D. de la Garde. Les marins s’installent avec leur chef et fondent Mas­salia qui, en quelques années, deviendra un floris­sant port de commerce, dont les comptoirs s’éten­dront sur toute la côte provençale.

Bien qu’indépendante, Marseille fait dès lors par­tie intégrante de la civilisation grecque. La langue, les structures administratives, les bâtiments, les beaux-arts, sont grecs et lorsque, bien plus tard, les Romains auront anéanti la puissance massa­liote et réduit le domaine de Marseille au pourtour de la cité, la langue subsistera et une université brillante maintiendra les valeurs de sagesse, de connaissance et d’humanisme héritées de la Grèce.

Pour faire face à la menace des Celtes, venus ren­forcer les établissements ligures de l’intérieur, Marseille avait dû faire appel aux Romains. Ceux-ci étaient venus prêter main-forte puis s’étaient retirés. Mais, lors du conflit entre César et Pom­pée, Marseille opta pour le camp de Pompée. César lui fit payer cette erreur par la dépossession de ses comptoirs, de ses trésors, de ses navires.

Marseille entra ainsi dans un oubli d’où elle ne ressortit qu’au temps des Croisades, lorsqu’elle assura réparation et ravaitaillement des bateaux croisés, une activité qui, sous d’autres formes, dure encore. Mais l’essor commercial apportait avec lui le drame: En 1720, malgré l’ordre de qua­rantaine, un navire en provenance de Syrie débarque, sans délai, sa cargaison destinée à la foire de Beaucaire. En quelques jours, la plus grande épi­démie de peste s’abat sur la ville et, en dépit de l’interdiction des déplacements aussitôt promul­guée, gagne l’arrière-pays. Les malades, chassés de leur propre famille, viennent par milliers mou­rir dans la rue. En deux ans, il y aura 50 000 morts dans Marseille et autant dans les régions voisines.

Pour les observateurs étrangers, le comportement politique de Marseille laisse rêveur. La cité accueille avec passion la Révolution de 1789. Un bataillon de volontaires part même pour Paris, en chantant un hymne composé à Strasbourg par un certain Rouget de Lisle. La détermination des sol­dats, la profondeur des voix, feront acclamer ce «Chant de guerre de l’Armée du Rhin» sur tout le trajet au point que, à l’arrivée à Paris, le public conquis le nommera spontanément la «Marseil­laise» et en fera l’hymne national républicain.

Pourtant, la Révolution n’est pas teiiiiinée que, déjà, Marseille entre en rébellion. La répression du pouvoir parisien installera pendant de longs mois, en représailles, la guillotine sur la Canebière.

Sous l’Empire, Marseille est royaliste. Sous les Orléans, elle tient pour les Bourbons. Pendant le Troisième Empire, la voilà républicaine. Puis, alors que le suffrage universel donne à la France des présidents de droite, elle vote à gauche.

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