j. Papes et anti-papes en Avignon

 

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Pendant près d’un siècle, de 1309 à 1403, Avignon devient le siège des papes puis, après le schisme, de deux anti-papes. Cette période n’a eu pratique­ment aucune influence sur l’ensemble de la Pro­vence, mais elle a laissé, dans les terres proven­çales appartenant au pontife et, surtout, à Avignon, des souvenirs, des édifices et, plus encore, des nostalgies. C’est à ce titre qu’elle trouve toute sa place dans ce livre.

Réuni à Pérouse depuis le milieu de l’année précé­dente, le conclave choisissait pour pape, le 5 juin 1305, un Français. Ce n’était pas la première fois dans l’histoire de la papauté. Mais, cette fois, un tel choix allait avoir d’importantes conséquences.

Le désordre régnait en Italie et l’élu, qui avait été couronné à Lyon, à la demande du roi de France et avait pris le nom de Clément V, revint provisoi­rement à Bordeaux, dont il avait été l’archevêque, pour pouvoir travailler mieux et plus librement. Puis, par petites étapes, il gagna Avignon en 1309. Et là, plutôt que de poursuivre sa route vers Rome, il fit halte, profitant de l’hospitalité des dominicains. Une longue halte, insupportable aux évêques italiens restés à Rome et qui, dès ce moment, parlaient d’Avignon comme de l’«exil de Babylone».

Cinq ans plus tard, alors qu’il s’apprêtait à repartir, non pour Rome mais pour sa Guyenne natale, Clément V mourait subitement.

Mais il avait eu le temps de remplacer nombre de cardinaux italiens par des Français. Aussi, lors du conclave qui se tint à Carpentras, ce fut à nouveau un Français qui fut élu pape. Et cette habitude fit règle: Après Jean XXII, ce furent Benoit XII, Clément VI, Urbain V, Grégoire XI. Tous français. Certains, parmi eux, avaient eu l’intention de ramener le siège pontifical à Rome. Urbain V y passa même trois ans et Grégoire XI, qui avait décidé de réintégrer Rome, y mourut peu après son arrivée, en 1378.

Le conclave, à majorité française, aurait dû élire un pape français. Sous la pression des émeutes romaines, il choisit un Italien, l’archevêque de Bari, qui fut proclamé sous le nom d’Urbain VI. Mais, après quelques mois, certains cardinaux se séparèrent de lui et, déclarant son élection nulle pour cause de violence, nommèrent, un nouveau pape, Robert de Genève, qui prit le nom de Clément VII et vint se fixer à Avignon. Le Grand Schisme divisait désormais l’Eglise en deux obédiences.

Avignon, qui avait déjà été victime des grandes compagnies de pillards au cours des lustres précé­dents, fut à nouveau l’objet des attaques du rou­tier Raimond de Turenne, qui était retranché dans le site imprenable des Baux.

Un pape d’origine catalane, Benoit XIII succéda à Clément VII en 1394. Il avait promis qu’il se démettrait si un accord pouvait être trouvé avec Rome. Mais il s’accrocha si bien à sa tiare que le clergé français, imité par les cardinaux, les Avi­gnonnais et les Comtadins, lui retira son obé­dience. Un chef de bande fut choisi pour assiéger le palais. Mais les fortifications étaient si efficaces qu’il fut impossible de le prendre. Les assiégeants se contentèrent donc d’y maintenir prisonnier le pape. Benoît XIII, après cinq ans de claustration, réussit pourtant à s’échapper et, le prestige de son aventure aidant, fut à nouveau reconnu par la plu­part des cardinaux et de ses sujets. Mais, en 1409, le concile de Pise déposa conjointement le pape de Rome et celui d’Avignon pour en élire un troi­sième, garant de l’unité retrouvée, et qui fixerait son siège à Rome. Le temps des papes d’Avignon était terminé. Mais le somptueux Palais des Papes reste un extraordinaire témoin de ce passé, auquel Avignonnais et Comtadins gardent attachement.

 

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