L’Orient Express d’hier et de demain

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J’ai eu la chance, voilà plusieurs années, de prendre place à bord de l’Orient Express et même, privilège rarissime, de filmer le voyage de bout en bout. Ce film, je suis allé le présenter le dimanche 10 mai à Paris, dans le grand auditorium de l’Institut du monde arabe, où se déroule jusqu’au mois d’août une grande exposition consacrée, justement, à l’Orient Express.

Je ne reviendrai pas sur le film, dont chacun peut découvrir ici les principaux extraits et qu’on peut se procurer à l’IMA ou auprès de: decotte@gmail.com. Le débat qui s’en est suivi mérite en revanche quelques commentaires.

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Devant l’Institut sont exposées bien en évidence une antique locomotive à vapeur et cinq voitures bleu nuit à liseré d’or ayant appartenu à la Compagnie Internationale des Wagons-Lits, le mythique Orient Express. Le public fait la file pour les visiter de bout en bout. Chaque cabine rappelle un passager célèbre ou évoque le roman d’Agatha Christie, le film de James Bond. Au wagon restaurant ou dans le salon boudoir trônent, serties de marqueterie,  les pâtes de verre de Lalique. Il ne manque que l’authentique bruit du train, mal reconstitué par un scabreux haut-parleur. Le soir, quelques dizaines de clients prennent place pour un repas dont on dit grand bien. Quant aux visiteurs, après avoir défilé à la queue leu-leu dans les couloirs du train, ils gagnent  la belle exposition proposée dans le sous-sol de l’Institut, émouvante reconstitution d’un temps où l’Orient, grâce à l’exemple de l’Américain Pullmann et à la ténacité du belge Nagelmackers, s’est soudain trouvé à un jet de pierre de l’Occident. En 1863, l’Orient Express relia Paris à Istanbul – qui se nommait encore Constantinople – en mis d’une semaine. Quelques années plus tard, il établirait un incroyable recors, 67 heures.

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L’Institut du monde arabe est un lieu magique. Locomotive et wagons donnent à l’esplanade une dimension inattendue. L’exposition est parlante. Mais alors, pourquoi cette gêne ?

Pour l’identifier et la comprendre, il faut savoir que ce beau projet est largement sponsorisé par la SNCF, propriétaire de ces quelques wagons exposés et, surtout, de la marque Orient Express, acquise presque par hasard et pour trois francs six sous, voilà une trentaine d’années.

Il aura fallu tout ce temps pour que naisse, dans un crâne d’œuf de la société nationale, l’idée de faire revivre l’Orient Express ou, plus exactement, d’en créer un nouveau ! Aussitôt dit, aussitôt fait. Une filiale a été créée, des artisans du luxe français contactés. Matelassier, bagagiste, parfumeur, fabricant de briquets. Des « designers » sont entrés dans la danse, un logo a été créé. Sur la scène de l’auditorium, après la projection du film, je me suis retrouvé au côté de Franck Bernard, directeur du développement SNCF, chargé de présenter cet improbable projet.

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Hélas, ce dont voulaient parler les quelque 400 spectateurs, c’était plutôt de ce qu’ils venaient de voir dans le film et dont rien, dans l’exposition, ne laissait présager l’existence : on véritable train d’antan, le Venice-Simplon-Orient-Express, qui parcourt à nouveau l’Europe depuis trente ans, dix mois sur douze, grâce à une flotte de 18 wagons, tous rescapés de l’épopée de l’Orient Express.  Des Paris-Venise quasi hebdomadaires, des escapades à Prague, Stockholm ou Moscou et, une fois l’an, le « grand » voyage : Paris, Vienne, Budapest, Bucarest, Varna et Istanbul. Comme au temps des premiers aventuriers en route vers l’Orient. Il est là, le mythe de l’Orient Express. Et nulle part ailleurs.

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Le « new » Orient Express de la SNCF verra-t-il néanmoins le jour ? Quand ? Sous quelle forme ? Sur quels itinéraires ? Et surtout avec quels passagers ? Le projet SNCF vise une clientèle de luxe. Cheikhs arabes ? Industriels chinois ? Oligarques russes ? Franck Bernard nous a donné rendez-vous dans cinq ans à bord de « son » train. Chiche !

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(C) SNCF

 

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