La confrérie des Gardians a été créée à Arles en 1512 et, aujourd’hui, elle regroupe toujours les gardians de Camargue, sous la protection de Saint Georges, dont la fête, le 23 avril, est célébrée en l’église Notre-Dame-La-Major d’Arles. Tandis que les manadiers entrent dans l’église, les gardians et leurs meilleures montures restent sur le parvis, où le prêtre vient les bénir.
A la commémoration religieuse succèdent les réjouissances. Après un repas où ne sont admis que les gens de «bouvino» et les autorités locales, les jeux traditionnels prennent place dans les arènes. Ce cadre exceptionnel, renforcé par l’extraordinaire costume des Arlésiennes et la dignité des participants (la fête est publique, mais les touristes sont peu nombreux à cette saison et les citadins-piétons la boudent), permet de donner toute leur saveur aux jeux équestres, d’origine lointaine, mais remis à l’honneur, au début de ce siècle, par «lou marqués» Folco de Baroncelli-Javon, fondateur de la «Nacioun Gardiano».
Parade des gardians, à cheval, et des Arlésiennes, à pied. Tournoi de l’épervier où un cavalier cherche à prendre le bouquet qu’une jeune fille a offert à son adversaire. Tournoi des écharpes consistant à arracher le foulard que le cavalier adverse porte à mi-bras. Jeu des oranges où le cavalier doit, au galop, saisir le fruit qu’une Arlésienne lui tend au bord de la piste. Jeu des aiguillettes (ou de la bague) consistant à introduire la pointe d’une pique dans un petit anneau suspendu à une potence – au galop, bien sûr. Jeu des chaises où les gardians doivent sauter de cheval et occuper chacun une chaise – il y en a une de moins que de cavaliers -, le dernier étant éliminé.
Se tromperait celui qui ne verrait là qu’un folklore désuet. La cabane du gardian, faite de roseaux et de torchis, n’a pas changé; sa vie non plus. Son travail continue de le retenir près de ses taureaux et rares sont les occasions, pour lui, de rencontrer les trois ou quatre douzaines d’autres manadiers, la petite centaine de gardians, la dizaine de baïles, éparpillés sur un territoire immense et peu accessible. Il est donc normal que les quelques fêtes traditionnelles, qu’ils ne manqueraient pas pour un empire, ressemblent à ce qu’elles ont toujours été, un pèlerinage intérieur.