Les limites naturelles de la Provence sont nettes. A l’ouest, le Rhône, dont le delta constitue le triangle marécageux de la Camargue. Au sud, le littoral méditerranéen. A l’est, la ligne de partage des eaux des Alpes maritimes, qui représentent une barrière difficilement franchissable jusqu’à la côte. Et enfin au nord, une ligne plus floue, faite d’une succession de petites vallées, encaissées au pied septentrional du mont Ventoux et de la montagne de Lure.
L’eau – fleuve, rivières et mer – marque les contours de la Provence. La montagne en arc-boute le squelette: peu présente dans la vallée alluvionnaire du Rhône, à l’ouest, elle prend rapidement corps à l’est. Massifs isolés au nord, chaînes plus linéaires au sud, ensemble élevé, enchevêtré, inextricable à l’est. La Provence n’est pas un pays plat. Il suffit pour s’en convaincre d’observer sur une carte les invraisemblables détours qu’effectue le cours de la Durance – le plus provençal des cours d’eau – entre sa source alpestre et le mou confluent avec le Rhône.
Il est aussi un climat, un environnement naturel, des lumières, des odeurs, des sons qui, intimement liés, définissent sans erreur possible la Provence. Pays qui s’éveille au chant des cigales, où le mistral cingle dans les oliviers, où les senteurs de thym, de laurier et de romarin enjôlent les narines, où le mauve des lavandes se mêle au blanc mat des calcaires érodés, où le bleu scintillant du ciel d’été fait place, la nuit venue, à une voûte céleste aux tons cobalt-roi, au coeur de laquelle se détachent avec une infinie précision les milliers d’étoiles guidant les bergers.