Retour en Louisiane

 

Hier soir à la Nouvelle-Orléans, faux repas cajun sur une terrasse couverte de Bourbon Street. Dans la rue, le jazz est largement remplacé par la musique moderne, synthétique. Jeunes plus ou moins soûls et agents de police prêts à intervenir.

Ce matin, tour du Vieux Carré à pied. Le quartier nord n’est pas sûr, paraît-il. A cette heure, on ne dirait pas. Achat de quelques disques. Passé par un marché situé entre Vieux Carré et Mississipi. Beaucoup d’épices, quelques fruits, des gueules d’alligators. Le temps se lève. Cap vers Bâton Rouge et Lafayette en passant par la rive sud-ouest du Mississipi. Traversée du pont immense et vieillot, déboulé sur le boulevard du général de Gaulle. Le temps de l’omnipotence française est bien passé. Ici, dans les voitures comme dans les quartiers, que des Noirs. Erreur d’aiguillage et cul de sac entre des bayous. Un militaire de la Navy, qui observe à la jumelle d’un pont, nous renseigne.

Nouveau cap. Longue route plus ou moins droite à travers des zones à moitié abandonnées. Puis nous rejoignons une route plus large, qui part vers l’ouest. Arrêt d’un instant, à côté d’un verger aux branches sèches encombrées d’oiseaux, dans une maisonnette annonçant cuisses de grenouilles et visite aux alligators. Tout semble désert, une jeune femme arrive en voiture. Pour les grenouilles, ce n’est pas la saison. Quant aux alligators, ils sont en congé, le chemin de pierraille qui mène vers eux ayant été submergé par de récentes inondations. Plus loin encore, nous obliquons vers le nord en direction du mythique (?) Thibodeaux. Alternance de quelques maisons riches et de beaucoup de pauvreté. Nombreuses zones inhabitées.

La nuit tombe vite. Peu après 18 heures, dans l’obscurité, immenses usines illuminées de Plaquemine. Puis entrée dans Bâton Rouge. Près de City Hall, des groupes de jeunes légèrement vêtus de noir et de blanc déferlent en direction de la salle de spectacles. « Cats » est en tournée. Cela doit bien faire 15 ans que Cats tourne ainsi, multiplié en une demi-douzaine de troupes, à travers les USA et le monde. Plus loin, ville absolument déserte. Près du Capitole, personne. Je me souviens de l’accueil dans les appartements du gouverneur, voilà 17 ans. La ville avait des aspects de Washington. Aujourd’hui, le vide. Tout près du Capitole, des maisons de bois, décrépites, à vendre. Dans Main Street, des immeubles entiers, à vendre ou abandonnés. Certes, à en croire les quelques voitures qui passent de temps à autre, il doit y avoir du monde dans les environs mais, ici, le centre ressemble à une ville fantôme. De nuit, serait-il dangereux de demander sa route à un de ces conducteurs noirs de grosses voitures décaties, à bord desquelles ont pris place deux ou trois copains plus ou moins engageants ? Ils pourraient ensuite, nous sachant perdus, nous prendre en chasse. Finalement, à un feu rouge, un jeune homme bien sous tous les rapports (et donc blanc…) baisse la vitre de sa portière pour nous indiquer que nous roulons à l’opposé de notre direction. Demi-tour.

Sorties suivantes de la 10, pas de lumières, un seul motel. Nous avançons encore. Voici Pont-Breaux, son Crawfish Festival (festival de l’écrevisse) et son « plus fameux restaurant Cajun du monde », le Mulate’s. Décidons de continuer encore. Finalement, nuit agréable, malgré un orage puissant, à l’entrée nord de Lafayette, Motel Super 8. Moins cher et plus confortable qu’à la Nouvelle-Orléans.

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