C’est en Tunisie que j’ai touché pour la première fois, en 1967, la terre d’Afrique. Simple voyage de presse dont je ne conserve que la vision du sud désertique et le voyage nocturne du retour vers Tunis, frigorifié dans une vieille Peugeot sans chauffage ni vitres. Rien de vraiment marquant.
Depuis lors, j’y suis retourné souvent.
D’abord sur la plage infinie et déserte de Kelibia, dans le minuscule cube-cabanon de « Poupa », l’arrière-grand-père de mon fils Amalric, personnage d’une envergure et d’une générosité inoubliables, ami de Saïd le Noir dont il a raconté l’incroyable aventure.
Ensuite, à de multiples reprises, dans la famille d’Abderrazak Cheraït, ami fidèle, propriétaire d’un véritable hôtel-musée à Tozeur.
Puis ce fut Douz, pour escorter Amalric et son copain Ahmed lors d’une mémorable «Printemps au Sahara», dont j’ai tiré un petit film vif et émouvant.
Plus tard, avec le renforcement du clan Ben Ali, j’ai refusé de donner suite aux invitations officielles qui m’étaient faites. Un confrère journaliste, présentateur connu de la Télévision suisse, m’avait fait remarquer que la simple diffusion de mes reportages à la télévision, pouvait cautionner un régime qui, par ailleurs, refusait tout visa à des équipes de tournage souhaitant réaliser des documentaires politiques. Il avait raison. Je ne suis donc pas retourné en Tunisie pendant de longues années.
Depuis la révolution, je m’y suis rendu à deux reprises, perplexe et inquiet de la gangrène croissante des islamistes. Aujourd’hui, la Tunisie vient de se doter d’une Constitution démocratique et laïque. Je suis rassuré mais je reste attentif…