Dubois, prononcez Diouboïsse

Saut de puce entre Salt Lake et Jackson Hole, où j’étais venu dans les années 70 en provenance de Denver. Même impression de plonger dans un trou creusé entre les montagnes, nuageux et un peu inquiétant. L’aéroport ne comptait alors qu’une cabane de bois et, pour les bagages,  un tapis roulant fait de simples rondins. Dans le hall, chemise à carreaux rouges, foulard, bottes western, ceinturon à boucle et large chapeau crème cachant en partie des yeux clairs et une barbe roussâtre, Richard S. Il pleuvine, la nuit tombe, nous franchissons les 80 miles qui nous séparent de Dubois. Nous parlons de la Suisse en crise et de de son propre chemin de petit fonctionnaire de l’État de Genève, de sa rencontre avec le cheval au travers d’un certain G. (est-ce un descendant de celui qui possédait des chevaux, juste après guerre, à Ferney, derrière le Capucin Gourmand, depuis lors enseveli sous le prolongement de la piste de Cointrin ?).

Richard abandonne son travail de fonctionnaire, dans l’incrédulité générale, pour devenir moniteur dans un centre équestre, au tiers de son salaire précédent. Depuis toujours, envie d’aller en Amérique. Premier voyage à Dubois. Le plus beau motel est à vendre, 23 chambres, tout en rondins., très agréable.

Le soir, Richard et sa femme Sara m’invitent au restaurant Rustic Pine Tavern où ils connaissent tout le monde. Sont manifestement bien considérés. Puis passons au bar de l’établissement, plus western tu meurs, billards au fond, long comptoir et petits alvéoles pour clients assis. Je suis le seul sans chapeau. Nombre des clients sont des outfits dont le métier consiste à emmener quelques poignées de touristes fanatiques en plein wilderness, Toute automobile est bannie et, sauf accident d’une gravité absolue, même un hélicoptère ne sera pas autorisé à vous venir en aide. Il y a aussi un négociant en bétail de la région de Cody, né à Bruxelles, ayant vécu au Vénézuela et au Chili, un peu fait mais passionnant; un autre qui se sait condamné par un cancer et continue à crâner. Il veut mourir à cheval. Le tout sans agressivité, avec bonhomie et humour.

Nuit un peu alcoolisée au bourbon et au Chablis californien. Aspirine.

 

 

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