À quelle heure ces négociations, quatrièmes du genre, reprendront-elles aujourd’hui ? On ne le sait pas encore. 9:00, 14:00, 15:00. Aux dernières nouvelles, ce serait sans doute 15:00, c’est-à-dire 21:00, heure suisse.
On sait que, durant le week-end, les différents pays dont les diplomates sont retenus en otages, ont fait pression sur le gouvernement colombien pour que ces négociations prennent un tour nouveau. En effet, les guérilleros du M19 ont l’impression d’avoir été, jusque-là, mené en bateau. Ils sont déçus, aigris, nerveux et semblent peu décidées à rencontrer les émissaires du président pour parler seulement de la pluie et du beau temps.
Le problème, c’est que la situation est complètement bloquée. Si le M19 ne parlent plus, quasiment, il manifeste politique ni des 50 millions de dollars, il continue d’exiger la libération de 311 prisonniers, qu’il appelle des prisonniers politiques.
Or, le gouvernement nie absolument la qualité de politique à ce qu’il appelle des prisonniers de droit commun. Et, même s’il voulait les faire libérer, le président colombien prendrait un gros risque. Les militaires, qui dans la réalité gouverne ce pays dont le président est la façade démocratique, l’ont mis en garde : une telle libération serait anticonstitutionnelle.
Sous-entendu, si un président agi de manière anticonstitutionnelle, il prend le risque d’être renversé par l’armée, garante de ladite constitution.
L’enjeu est donc très important et on comprend que le gouvernement colombien face, pour l’instant, la sourde oreille aux pressions de l’étranger. La vie de 20 otages ne vaut pas la menace d’un coup d’état.
Ici, à Bogotá, la situation pourrait prendre un tour de nouveaux aujourd’hui. Hier, dimanche, la tension allait surtout aux élections municipales mais, aujourd’hui, on va reparler des otages puisqu’une nouvelle négociation, la quatrième, est prévue dans la journée, à une heure qui n’a pas encore été précisée.
À l’intérieur de l’ambassade dominicaine, les guérilleros sont irrités et déçus. Ils ont fait plusieurs gestes d’ouverture, la semaine dernière, libération des femmes et des non diplomates puis libération de l’ambassadeur d’Autriche. Mais, côté gouvernement, on n’a pas renvoyé la balle.
On pense donc que les guérilleros du M19 vont durcir leur position, exiger que le pouvoir s’engage réellement. Si les représentants du président n’ont pas de propositions nouvelles, il est même possible que cette quatrième négociation, dans la camionnette stationnée devant l’ambassade dominicaine, dure très peu de temps.
Pour ce qui concerne notre ambassadeur à Bogotá, Jean Bourgeois, retenus depuis 13 jours maintenant, les autres diplomates suisses qui assurent la permanence à l’ambassade helvétique sont pour le moins discret. Ils font répondre par une secrétaire : pas de commentaire.
J’ai pu apprendre cependant que M. bourgeois avait pu joindre au téléphone son épouse, hier soir. Sa santé reste bonne, il ne fait pas parti des quelques diplomates auxquels un médecin, venus de l’extérieur, a pu prodiguer des soins vendredi et samedi.
En revanche, le moral de M. bourgeois, comme les autres otages d’ailleurs, semble être au plus bas. C’est le pessimisme. Si le gouvernement ne fait pas un geste, pas une proposition, la situation pourrait s’aggraver dans les jours qui viennent. Les guérilleros n’ont plus rien à perdre.