Voilà plus de quarante ans que je me rends, plus ou moins régulièrement, dans les deux Irlande. Souvent au temps de la guerre, un peu moins depuis que la paix est revenue. Je me rappelle avoir passé la nuit de Noël 1972, casque et gilet pare-balles, à bord d’une voiture blindée de l’armée britannique patrouillant entre les quartiers catholique et protestant… A l’heure d’exhumer quelques-unes de mes archives, je redécouvre un article datant du printemps 1974…
Les extrémistes protestants triomphent et narguent, de leur puissance retrouvée, les catholiques défaits. On se croirait revenu en 1690 lorsque, à la bataille de la Boyne, Guillaume d’Orange écrasa Jacques II… Mais cette nouvelle humiliation risque de relancer la passion aveugle de l’IRA (Armée républicaine irlandaise) catholique et la liste des morts innocents de s’allonger ces prochaines semaines, sans attendre de nouvelles élections que, de toute manière, les protestants ne considéreront comme démocratiques que si elles évincent du pouvoir les « chiens » catholiques. L’Irlande du Nord est entrée dans l’impasse de la violence et de l’absurde.