Anarchiste espagnole inculpée pour trafic d’armes, Martina est au secret dans une prison genevoise. Jean-Christophe, jeune délégué de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, la fait libérer en trois semaines. De leur rencontre naît l’amour-révolution.
Le livre « Si tous les enfants du monde » est en ligne
Message personnel: Vingt-cinq ans après ce voyage sur l’ancienne Route des Esclaves, les adolescents cités dans ce livre ont aujourd’hui franchi le cap de la quarantaine. Nous nous sommes perdus de vue, hélas ! J’aimerais les retrouver, aller à leur rencontre, raconter les nouveaux chemins de leur vie. Qu’ils me contactent à cette adresse: decotte@gmail.com . Merci !
Sommaire
- Préface de François Mitterrand
- Nantes avant le départ
- De Nantes à Gorée
- Gorée
- De Gorée à la Martinique
- Fort-de-France
- New York
Bonne lecture!
Alex Décotte
Le livre « Provence » est en ligne
Le livre « Cowboys & Rodeo » est en ligne
Le livre « Bretagne et Normandie » est en ligne
Le livre « Provence et Camargue » est en ligne
Josef Heeb à Carouge
A l’époque, Carouge était encore un village sarde. C’est dire. Les antiquaires ne s’étaient pas encore mis en tête de bousculer les artisans et la bonne société genevoise ne passait toujours le pont que pour s’encanailler. Rue Saint-Joseph, on jouait à la boule-en-bois et à la carte-à-fleurs. Le soir, les tavernes s’apprêtaient à accueillir Mandrin et il n’était nul besoin de vingt ronds dans la fente pour que jaillisse la musique.
Un visage, déjà, régnait dans le triangle formé par le Café des Négociants, celui du Poids-Public et celui des Sports. Une gueule plutôt. Mélange de Vulcain et de Dieu le Père, avec dans le regard une étrange volonté, une incommensurable lassitude et l’étincelle des jours heureux. Le front dégarni, luisant, ambré, était nimbé de deux mouchets gris à faire hurler de jalousie un quelconque professeur Tournesol et la longue barbe, plus sel déjà que poivre, vous sautait aux yeux comme une image d’Épinal pour catéchisme édifiant. Josef Heeb !
Le livre « Corse et Sardaigne » est en ligne
Saïd le Noir
Saïd était grand, d’un noir profond, absolu, la tête plutôt petite, la figure ronde. Ses yeux d’un brillant quasi métallique accusaient à l’extrême la blancheur du globe. Le torse énorme, les jambes légèrement arquées, les muscles saillant sous la peau donnaient à cette masse humaine l’impression d’une extraordinaire force physique.
Discret pour ne pas dire muet quant à sa part de vie antérieure à son arrivée dans la région, nul ne savait qui était ni d’où venait Saïd. A toute question indiscrète, il répondait, je suis Abad Allah, prénom courant pour un croyant, qui signifie également adorateur de Dieu, et je viens de là-bas, son geste du menton indiquait l’est c’est-à-dire la Mecque, pays du prophète Mahomet. Réponse sibylline dont l’aspect religieux excluait tout commentaire.
Tunisie
C’est en Tunisie que j’ai touché pour la première fois, en 1967, la terre d’Afrique. Simple voyage de presse dont je ne conserve que la vision du sud désertique et le voyage nocturne du retour vers Tunis, frigorifié dans une vieille Peugeot sans chauffage ni vitres. Rien de vraiment marquant.
Depuis lors, j’y suis retourné souvent.
D’abord sur la plage infinie et déserte de Kelibia, dans le minuscule cube-cabanon de « Poupa », l’arrière-grand-père de mon fils Amalric, personnage d’une envergure et d’une générosité inoubliables, ami de Saïd le Noir dont il a raconté l’incroyable aventure.
Ensuite, à de multiples reprises, dans la famille d’Abderrazak Cheraït, ami fidèle, propriétaire d’un véritable hôtel-musée à Tozeur.
Puis ce fut Douz, pour escorter Amalric et son copain Ahmed lors d’une mémorable «Printemps au Sahara», dont j’ai tiré un petit film vif et émouvant.
Plus tard, avec le renforcement du clan Ben Ali, j’ai refusé de donner suite aux invitations officielles qui m’étaient faites. Un confrère journaliste, présentateur connu de la Télévision suisse, m’avait fait remarquer que la simple diffusion de mes reportages à la télévision, pouvait cautionner un régime qui, par ailleurs, refusait tout visa à des équipes de tournage souhaitant réaliser des documentaires politiques. Il avait raison. Je ne suis donc pas retourné en Tunisie pendant de longues années.
Depuis la révolution, je m’y suis rendu à deux reprises, perplexe et inquiet de la gangrène croissante des islamistes. Aujourd’hui, la Tunisie vient de se doter d’une Constitution démocratique et laïque. Je suis rassuré mais je reste attentif…